A Leernes, l’émouvante histoire du « Monument français »

Article provenant d’un journal local dont la date et le titre n’ont malheureusement pu être identifiés.

A l’heure actuelle, toutes les personnes qui se rendent à Leernes prennent plaisir à admirer le « Monument Français » élevé à la mémoire des 72 soldats du 28ème Régiment d’Infanterie française qui payèrent de leur vie la défense du territoire, le 22 août 1914.

Mais savez-vous que l’érection de ce Monument a une bien pénible histoire ? C’est ce que nous allons raconter aujourd’hui sans entrer dans tous les détails.

En 1918, après l’armistice, les manifestations d’enthousiasme étaient monnaie courante. Tout le monde se réjouissait de la fin de cette maudite guerre qui avait duré quatre longues années et qui avait causé la mort d’un million et demi de Français.

Malgré ce sacrifice, les édiles communaux de l’époque restèrent inactifs et écoutèrent d’une oreille distraite, l’érection d’un monument à la mémoire des soldats français tombés au champ d’honneur.

Devant cette situation, une équipe dirigée par le Dr Émile Hautain, décida de recruter les fonds nécessaires. Elle fit de suite imprimer une affichette qui disait :

« Les personnes désireuses de collaborer à l’érection d’un monument à la mémoire des soldats français qui moururent sur la campagne de Leernes sont priées d’apporter leur souscription avant le 20 mars 1920 au Dr Hautain. Le prix du monument sera de approximativement de 1600 frs en béton et de 3000 frs en pierre. Les souscripteurs sont priés d’inscrire leurs noms lisiblement afin que ces noms puissent être reproduits pour être versés aux archives de la Commune à qui le monument sera offert. »

Alors que les responsables de cette initiative espéraient récolter rapidement les fonds nécessaires, ils furent à leurs frais… Les sentiments de la population n’étaient pas changés : les souvenirs des journées sanglantes étaient restés intacts et l’affection pour les Français demeurait  profonde, mais les habitants restèrent insensibles aux sollicitations. Il faut dire aussi que l’Administration … [Ndlr : manque un morceau mais probablement « certifiait  ou affirmait»] … que les Français avaient été inhumés à 20 mètres de la fosse réservée aux Allemands. C’est là que le Dr Hautain aurait voulu voir s’élever le souvenir de la tragédie.

[Ndlr : nous sommes certains aujourd’hui qu’il n’y eu qu’une seule fosse commune mais avec les corps français au Sud (72) et les corps allemands au Nord (12)]

Le terrain appartenant à M. Paul Dewandre-Audent qui, en apprenant le projet des patriotes offrit spontanément « son lopin de terre », en y joignant une contribution financière importante.

Grâce à cette importante collaboration, le « Monument Français » (c’est ainsi qu’il fut appelé par la population) fut officiellement remis à l’Administration communale de Leernes, le 22 août 1921.

Monument a

Photographie provenant du livre du Dr Hautain.Coll. © Alain ARCQ

A cette occasion, les « Patriotes Leernois » remirent une lettre à MM. Demoulin, bourgmestre, Leclercq et Liemans, échevins, dans laquelle il était fait mention du sacrifice des 72 fantassins français. Celle-ci se terminait d’ailleurs par ces termes : « Confiants en vos sentiments de pur patriotisme pour en assurer l’entretien et la conservation, nous espérons que vous serez unanimes à l’accepter et à le prendre sous votre protection. »

Cette déclaration était signée par Louis Carlier, greffier de Leernes, Désiré Carlier de Leernes, Jules Carlier de Leernes, Dewandre-Audent château de Belle-Chasse de Leernes, Florent Bouton de Leernes,  docteur Hautain de Leernes, Gaston Loncol de Leernes, Mme et Melle Lardinois de Fontaine-l’Évêque, Melle Ledoux de Fontaine-l’Évêque, Mme Édgard Marcq de Leernes, le Cercle de l’Union de Leernes, Léopold Tilmant de Leernes, Melle Andrée Prestat de Paris, Melle Henriette Prestat de Paris, M. Thomin de Saint-Germain-en-Laye, Mme Gauquelin de Verneuil, Fernand Lefèvre de Leernes, Mme Selma Spitaels de Leernes, Gustave Duriaux de Fontaine-l’Évêque, Charbonnages de Fontaine-l’Évêque.

[Ndlr : Les demoiselles PRESTAT étaient les filles du soldat de 2ème Classe PRESTAT Maurice, mort au Champ d’Honneur à Leernes le 22 août 1914, de même que monsieur THOMIN était le frère du Sergent THOMIN André, décédé dans les mêmes circonstances]

commentaires
  1. vlcnature dit :

    Bonjour Alain,

    Un grand merci pour cet article.

    Ce Prestat était peut-être le capitaine de l’équipe de football du 28e de 1910 (le Maurice Prestat tué à Leernes était de la classe 1910…).

    Fin février 1910, lors de la finale du championnat militaire du IIIe corps, l’équipe première du 28e rencontra à Sanvic près du Havre l’équipe du 129e. Ce fut une véritable déroute pour les parisiens du 28e, battu sévèrement par les Normands par 12 buts à zéro…

    À suivre

    Vincent (supporter du 28e)

Laisser un commentaire