LES LIGNES DE LA HAINE (Sébastien Le Prestre de Vauban)

LES LIGNES DE LA HAINE
MEMOIRE
sur le chemin qu’on peut faire tenir
à la ligne nouvellement proposée de Charleroy en 1693.

(Sébastien Le Prestre de Vauban)

présenté par Roland Poliart

Projet non réalisé, de Vauban, de lignes de retranchements en terre de Mons à Charleroi passant par Fontaine-l’Evêque.
« Faire un pont-levis à Marchienne au bout du pont du côté, de la ville une barrière sur la pille du milieu et une autre
à son extrémité.
En approchant le dit bois du moulinet remonter la ligne a mis coste sur le milieu de la croupe plus eslevee de ce bois
et continuer la dite ligne parallèlement au ruisseau jusque la sortie du bois, bien nettoyer le dit ruisseau de toute
les broussailles qui accompagnent son cours et tenir toujours la ligne à 60: 80: 100 jusqu’à 120: toises de son lit
sans s’en éloigner d’avantage.
A la sortie du bois, la raprocher un peu du ruisseau et la porter sur le rideau plus prochain qu’on suivra jusqu’à
fontaine Lévesque, observant :
1nt de ménager les avantages des eslevations qui se rencontreront en chemin bien que cela la fasse un peu sinueuse.
2nt d’abattre tous les bois et broussailles qui pourraient empescher la découverte du ruisseau ou servir de pont
en les faisant tomber en travers pour le passer.
3nt de racommoder les chaussées rompues des vieux étangs afin de les remplir et de les bien traverser après de barrières et palissades.
4nt d’occuper la masure et cense du moulinet qu’il faudra accommoder, y faire un corps de garde pour 30 hommes,
en boucher les portes et fenestrages superflue, la percer de créneaux et palissades son entrée à laquelle il faudra de plus
faire une bonne porte et bien netoyer les dedans de la masure afin de la rendre habitable.
De la a Fontaine l’évesque il faudra encore faire une redoute ou deux sur les lieux plus éminents en distance a peu près égalle et prendre garde de les placer toujours en lieu d’où on puisse voir le ruisseau.
Il faudra aussi faire un fanal sur le haut du bois du moulinet qui soit en vue de Fontaine l’évesque, de Charleroy,
de Marchienne et du château de Moncheau.
Joindre la vielle enceinte de Fontaine l’évesque par la ligne qui suivra toujours le sommet du rideau jusqu’au fossé
de cette ville qu’il faudra traverser par une bonne palissade.
Acommoder la partie de son enceinte qui doit servir de ligne et relever les esbreschemens, y faire des portes et ponts levis
et percer des
créneaux partout ou il en sera besoing observant de traverser les anciennes par des barrières et palissades.
Le château est fort bon il faudra acommoder un corps des garde a son entrée rendre la levée de son pont levis plus aisée
et percer quelques créneaux de plus sur les flancs.
Il pourra servir d’une bonne retraitte a ceux qui seront attaquéz dans la ville.
C’est pourquoi il s’en faudra assurer pour une garde de 15 hommes a sa porte.
Les villes de Fontaine Levesque et de Binche se trouvent très bien scituées pour le soutien de la ligne, parce que
la première est a portée de pouvoir soutenir tout ce qui se présentera par l’avenue du Piéton et par l’entre Haine et Piéton, attendu qu’elle pourra contenir un corps considérable de cavalerie et d’infanterie.
Elle pourra mettre à couvert de la contribution quelques 40 paroisses de plus qu’elle ne fait présentement, et deux villes qui sont Fontaine l’Evesque et Binche. »

Ecrit recopié textuellement (avec les fautes en souligné).
On peut ainsi y remarquer l’ancienne orthographe de certains mots et noms de villes.
Cet extrait provient d’archives : Vincennes, SHAT, dossier 1210, id. pièce 106.


Peinture du château de Fontaine-l’Evêque qui figure sur le plan annexé au mémoire de Vauban (1).
(1) Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707)

Vauban est né le 4 mai 1633 dans le Morvan, à Saint-Léger de-Foucherets.
A 18 ans il est cadet au régiment de Condé. Vauban se rallie à Mazzarin et au jeune roi Louis XIV après l’arrestation
de Condé en 1650.
En 1655, grâce aux études qu’il mène, il fut nommé ingénieur du roi de France et puis maréchal de France en 1703,
par Louis XIV.
Homme à multiples visages : ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien, stratège et tacticien, gestionnaire et économiste.
Il a conçu ou amélioré plus de 300 forteresses et dirigea plus de 50 sièges.
Il voulait faire de la France un pré carré, selon son expression, protégé par une ceinture de citadelles.
Ses principaux travaux sont : Citadelle de Besançon, de Lille, d’Arras, de Namur et de Dinant, Fort Mahon, Fort Bayard, château de Joux, les remparts de Maubeuge, la Forteresse de Charleroi, Rocroi et bien d’autres.
Il décède à Paris le 30 mars 1707.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 18