Blessés français prisonniers en Allemagne par Alain ARCQ
Le train sanitaire pour l’évacuation des blessés
C’est le 22 septembre qu’un « énorme » médecin allemand vient visiter l’ambulance de Fontaine, accompagné de son épouse, d’une taille en rien inférieure à la sienne.
S’arrêtant au pied de chaque lit quelques secondes à peine, il prononce ce mot avec un fort accent guttural « transportabel ». Seul Jean Sarramoune du 28e RI, 2e bataillon, 18e Cie, agonisant depuis quinze jours d’une balle dans la boite crânienne est épargné. Il décèdera à l’hôpital de Fontaine-l’Evêque le 30 septembre à sept heures du soir.
Le Major précise alors, par l’intermédiaire de l’interprète, qu’un train sera présent le lendemain, dès huit heures du matin, en gare de Fontaine-l’Évêque pour transporter les blessés à Liège.
Le lendemain matin, 23 septembre, le train se trouve en gare dès le point du jour. Nous retrouvons ici Johan Valentine, directeur d’école à Osnabrück, du Landsturm Bataillon d’Osnabrück, qui avait été soigné à l’ambulance et qui est responsable de ce transport. Le train doit partir avant 10 heures !
Le train dit « sanitaire » n’est qu’une suite de six wagons à bestiaux, non lavés ni aménagés pour le transport des blessés. Mais je laisse la parole au docteur Hautain.
« Sans perdre un instant, nous préparâmes pour chacun de nos blessés trois paquets d’aliments, destinés à trois repas, un pour ce jour-là, deux pour le lendemain. Chaque soldat, Allemand comme Français, reçut un petit flacon de vin blanc, de cet excellent vin blanc dont le généreux M. Loiseau, de la place du Préau, nous avait envoyé un plein tonneau reçut par lui quelques jours avant les tragiques événements.
Nos brancards servirent de lits à nos fracturés, dont le transport devait encore être bien pénible dans ces dures conditions. Les plus faibles reçurent une couverture de laine, qui les protégea utilement contre le froid de la nuit car, le « train sanitaire » n’arriva à Liège que le lendemain dans l’après-midi. Dans chaque wagon nous plaçâmes un urinal et un vase de nuit, et si, vraiment, le train eut alors quelque chose de « sanitaire », c’est bien à nous qu’il le dû ».
Liste des soldats français du 28e Régiment d’Infanterie étant prisonniers par les Allemands, ou rapatriés suite à la gravité de leur(s) blessure(s).
par Alain ARCQ
Les sources de ce document consistent en la collection complète de la « Gazette des Ardennes », sous la forme des scans des documents originaux, imprimés sur papier de faible qualité dont les caractères de plomb utilisés en typographie ont parfois rendus la lecture impossible. La liste de noms ci-après est probablement incomplète à cause de cette qualité d’impression, mais également par les erreurs commises tant à la copie, qu’à la transcription des noms par les différents imprimeurs. Il n’est pas exclu que j’ai, moi-même, commis quelques erreurs lors de la lecture des quelques 255.000 lignes constituant la base de données de cet ensemble.
Nous avons ici le résultat des trois premières années de guerre retranscrites soit 1914, 1915 et 1916, retranscrites dans cette fameuse « Gazette des Ardennes » au cours de 1915 et 1916.
1915
N° |
Nom |
Prénom |
Grade |
Lieu de naissance |
Département |
Camp de prisonniers |
Référence Gazette des Ardennes N° |
70 | Vautrin | Maurice | Sdt | Paris | Goettingen | 490 | |
72 | Cochelin | René | Sdt | Andresy | Goettingen | 495 | |
74 | Levard (Levrard) | Maurice | Sdt | Chaise-Dieu du Theil | Orne | Limburg A/Lahn | 231 |
81 | Deloye (Delloye) | Georges | Lieutenant | Albas | Lot | Mainz | 240 |
107 | Allibert | Henri | Caporal | Paris | Zerbst (Anhalt) | 279 | |
108 | Duchesne | Edmond | Sdt | Evreux | Eure | Zerbst (Anhalt) | 279 |
207 | Rouiller (Rouillé) | Auguste | Rouen | Seine-Inférieure | Blessé rapatrié jambe droite amputée | 368 | |
228 | Suaud (*) | Georges | Sdt | Levallois | Seine | Ohrdruf I/Thur. | 420 |
327 | Loridon | Wilfrid | Caporal | Paris | Muenster I/Westf | 596 | |
398 | Rigal | Hector | Sdt | Blessé rapatrié balle à l’épaule droite | 774 | ||
417 | Roussel | André | Caporal | Evermen | Seine-Inférieure | Sennelager I/West | 820 |
1916
N° |
Nom |
Prénom |
Grade |
Lieu de naissance |
Département |
Camp de prisonniers |
Référence Gazette des Ardennes N° |
440 | Suaud | Georges | Blessé rapatrié fracture à la cuisse droite | 026 | |
486 | CochelinVOIR N°228 | René | Blessé rapatrié Main droite paralysée | 088 |
(*) Marqué à tord inf.83 dans la gazette. Soigné à l’ambulance de Fontaine. A écrit au docteur Hautain du camp d’Ohrdruf.
Au moment où s’arrête temporairement cette étude, le 28e Régiment d’Infanterie a déjà eu un minimum de 704 prisonniers recensés par les Allemands et placés en internement.
Magnifique travail de recherche. Félicitations pour tous ces travaux.