Fontainois sous le Premier Empire

Les Fontainois
sous
le Premier Empire

par Alain ARCQ

A l’occasion de la naissance du Roi de Rome, le conseil communal décida, le 27 mars 1811, de pourvoir à l’éducation
d’un enfant mâle né à la même époque (le 20 mars 1811) soit dans la ville, soit dans le Département de Jemmappes (1).
Le désastre de la Campagne de Russie ayant creusé de forts sillons dans les rangs de la Grande Armée, Fontaine-l’Evêque témoigna encore son attachement à l’Empereur, en lui faisant parvenir une adresse par laquelle elle lui offrait
deux cavaliers montés et équipés par la ville.
C’est ce que l’on peut lire dans le résultat de la séance du 23 janvier 1813. Les cavaliers ainsi fournis seront incorporés
au 27éme Régiment de Chasseurs à Cheval et étaient THOMAS Jean-Baptiste (N°2534) DUVIVIER Clément (N°2549).
Voici leurs états de la matricule française :

  1. THOMAS Jean-Baptiste.
    Fils de Pierre et de Thérèse SOUVREZ.
    Né à Fontaine-l’Evêque le 4 octobre 1790, canton de Fontaine-l’Evêque, département de JEMMAPPES.
    27ème Régiment de Chasseurs à Cheval. N° 2534 du Registre des Contrôles.
    Taille d’un mètre 64 centimètres, visage ovale, front aplati, yeux gris, nez gros, bouche grande, menton rond, cheveux et sourcils noirs.
    Numéro du tirage au sort 100 du canton de Fontaine-l’Evêque. Conscrit de la classe 1810.
    Dernier domicile Fontaine-l’Evêque. Profession domestique.
    Offert par le département de JEMMAPPES (ville de Fontaine-l’Evêque).
    Arrivé au Corps le 2 avril 1813. 9ème Compagnie , 5ème Escadron.
    En arrière le 20 août 1813. Rayé le 15 octobre suivant. Décédé à Liège le 8 mars 1814.
  2. DUVIVIER Clément, Louis, Joseph.
    Fils de Claude et de Marie Joséphine DUPONT.
    Né à Fontaine-l’Evêque le 21 novembre 1790, canton de Fontaine-l’Evêque, département de JEMMAPPES.
    27 éme Régiment de Chasseurs à Cheval. Numéro 2549 du Registre des Contrôles.
    Taille d’un mètre 66 centimètres, visage ovale, front rond, yeux roux, nez effilé, bouche moyenne, menton rond, cheveux et sourcils bruns, marques particulières : 2 verrues dont une près de l’œil. Conscrit de la classe 1810.
    Numéro 112 du tirage au sort du canton de FONTAINE-L’EVÊQUE.
    Dernier domicile Fontaine-l’Evêque.
    Offert par le département de JEMMAPPES (ville de Fontaine-l’Evêque).
    Arrivé au Corps le 2 avril 1813. 8éme Compagnie, 4éme Escadron.
    Retourne comme étranger dans ses foyers le 6 juillet 1814.

Duvivier participera aux engagements suivants :

1813, affaire de Leipzig (7 juin), bataille de Dresde (27 août), combat de cavalerie en Saxe (4 octobre), combat
de Dombourg (Saxe 7 octobre), combat de Nauenbourg (10 octobre), bataille de Leipzig (14 et 16 octobre), bataille
de Hanau (30 octobre), combat sur la route de Hanau (1er novembre)
1814, bataille de La Rothière (1er février), combat de Nogent (11 février), combat de Bar-sur-Aube (27 février),
combat de Sézanne (14 mars), combat de Saint-Dizier (19 mars)

Mais notre ville de Fontaine offre, aux propres frais du candidat militaire, un cavalier équipé qui servira dans les Gardes
d’honneur.
Le 7 avril 1813, les presses de l’imprimerie de Paris sortaient un document qui, des bouches de l’Elbe aux Pyrénées,
des rivages de la Frise aux bords du Tibre, allait provoquer la levée de quatre régiments de Gardes d’honneur
dont l’Empereur espérait qu’ils pourraient remplacer une partie de la cavalerie perdue dans la trop célèbre campagne
de Russie.
C’est ainsi que notre concitoyen rejoint le dépôt de son régiment à Versailles pour être placé sous les ordres du général
comte de Pully.

3.     MAGHE Martial Marie.
Né à Fontaine-l’Evêque, canton de Fontaine-l’Evêque, département de JEMMAPPES.
Taille d’un mètre 71 centimètres, visage ovale, front haut, yeux bruns, nez moyen, bouche
moyenne, menton petit, cheveux et sourcils bruns.
Numéro 942 du Registre des Contrôles du Premier Régiment de Garde d’Honneur.
Dernier domicile Fontaine-l’Evêque.
Arrivé au Corps le 29 juin 1813. 8éme Compagnie, 4éme Escadron. Garde. 16éme Compagnie, 8éme
Escadron. Brigadier.

Bien que désigné comme faisant partie d’une famille nantie et recensé comme « fils du maire de Fontaine-l’Evêque »,
il suivra son régiment et sera présent aux différents combats de Dresde, Leipzig, Hanau, sur le Rhin, durant la campagne
de France et peut-être devant Anvers (bien que nous n’en ayons aucune certitude suite aux remaniements de ces unités).

Nos concitoyens furent nombreux à servir dans les armées françaises entre 1792 et 1815.
Mais rares sont les carrières militaires d’un homme comme celui que nous vous présentons.
Un « Vieux de la Vieille » qui fera son service d’Austerlitz à Waterloo, continuant à servir sa patrie jusque dans la jeune
Belgique d’après 1830.

4.    BAUDOUX Nicolas, Joseph.
Fils de Nicolas-Joseph et de Bernardine-Joséphine ROUSSELLE
Né à Fontaine-l’Evêque le 1er décembre 1784.
Le 26 février 1817, il comparait devant le notaire Maître Hubert Charon afin d’officialiser son contrat de mariage
avec Mademoiselle Joséphine BRUNEBARBE (dont le père, Jean Antoine, est Docteur en Médecine à Fontaine-l’Evêque)
Il est alors Premier Lieutenant au Quarante Sixième Bataillon de la Milice de l’armée du Roy des Pays-Bas et respecte ainsi, au dire de Maître Charon, les règlements obligeant les Officiers à remplir ces obligations légales..

Services en France

Engagé au 112 éme Régiment de Ligne le 21 novembre 1805, il franchit tous les grades inférieurs et obtient,
le 22 juin 1811, celui de Sous-Lieutenant.
Promu Lieutenant le 28 janvier 1813, est désigné pour le 7 éme Régiment d’Infanterie de Ligne.
Lieutenant au 2 éme Voltigeurs de la Garde Impériale le 3 juin 1815.
Démissionné sur sa demande le 1 er décembre 1815.
Le 21 mai 1813 il fut blessé d’un coup de feu au côté droit à la bataille de Bautzen et le 21 juin suivant il est nommé
Chevalier de la Légion d’Honneur (N° de dossier LEONORE L 0142060).
Il fit également la Campagne de France de 1814. Médaillé de Sainte-Hélène.
Il est présent lors de la « Dernière Victoire de l’Empereur » à Ligny, le 16 juin 1815 et participe à Waterloo.

Services aux Pays-Bas

Lieutenant à la 11e division de l’armée des Pays-Bas le 5 septembre 1816, Premier Lieutenant au 46éme Bataillon de Milice en 1817, Capitaine le 16 août 1829 et démissionnaire le 19 octobre 1830.

Services en Belgique

Major au 11e régiment de ligne le 20 octobre 1830, au service de Belgique, Lieutenant-Colonel au 3éme régiment de ligne le 9 avril 1841, commandant de place de 2éme classe à Ypres le 26 septembre 1842 et admis à la pension de retraite
le 28 septembre 1847.
Il reçut l’autorisation de porter les insignes de la Légion d’Honneur, par arrêté royal du 21 janvier 1840 ; Chevalier
de l’Ordre de Léopold le 15 décembre 1833, pour la part qu’il prit à la campagne de 1831 ( combats de Zonhoven,
Kermpt, Cortessem, 2, 6, 7 et 8 août), promu au grade d’Officier dans l’Ordre le 25 mars 1849.
Décédé à Bruxelles le 17 novembre 1858. N° 415 de la Matricule belge.
Il laissa deux fils : Léon Jean Joseph Baudoux, né à Namur le 3 septembre 1816, Lieutenant Général,
Grand Officier de l’Ordre de Léopold, décoré de la croix militaire de 1ère classe, Officier de l’Ordre de la Guadeloupe
du Mexique, décédé à Saint-Josse-ten-Noode le 12 septembre 1893 ; Léandre Alexandre Joseph Baudoux, né à Liège
le 26 août 1825, Lieutenant Général, Grand Officier de l’Ordre de Léopold, décoré de la croix militaire de 1ère classe,
Grand-Cordon de l’Ordre du Lion et du Soleil de Perse, décédé à Schaerbeek le 16 août 1898.

 

1. L’orthographe du nom Jemmappes, Jemmapes ou encore Jemappes a été respecté comme dans les textes originaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 8