Fabrication d’un clou

Fabrication d’un clou
au Moyen-Âge

par Alain ARCQ

En vacances, passant par le château de Guénelon, château en construction depuis 1996 et basé sur l’étude des constructions au XIIIéme siècle, j’ai eu la chance de revivre la fabrication d’un clou telle que l’ont pratiquée les « anciens » de Fontaine-l’Evêque et environs même de notre ville lorsqu’elle se nommait encore simplement Fontaine.

A Guénelon, nous sommes en 1240 sous Philippe Auguste. Chaque année prend comme base 1230 pour l’an 2000 donc, 2011 sera considérée comme 1241.  Mis à part les postes et les mesures de sécurité du travail imposés par l’Etat français, tous les matériaux et le matériel sont fabriqués sur place et inclus dans la construction ou, pour certaines choses,
dans la boutique souvenir.

 

Visitant les artisans, je me suis longuement intéressé
 au travail du forgeron qui façonnait des renforts
et garnitures de fer pour la porte du logis seigneurial(*).
Comme il avait quelques clous sur un présentoir, je lui ai dit
que je venais de la cité des cloutiers et que j’aimerais découvrir comment on faisait les clous.

 

Très aimablement, il m’a demandé d’attendre quelques minutes pour finir son travail et qu’après, il ferait un clou
en l’honneur des cloutiers de Fontaine-l’Evêque.
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Et la fabrication du clou commence. Au départ, il prend une barre ronde de 10 mm de diamètre, la mouille dans l’eau froide afin de ne tremper que le bout sec dans le brasier de la forge dont il actionne l’énorme soufflet à la main.

Lorsque la barre est bien rouge sur environ 15 à 20 cm, il prend cette dernière et la façonne sur l’enclume jusqu’à obtenir une pointe assez fine et carrée.

Lorsque cette pointe lui semble bonne sur le petit ciseau à découpe, il trace une profonde entaille circulaire, en faisant tourner la barre toujours rouge et plie le fer à 90°.
Il replonge le tout dans la forge.

 

Quand le fer est de nouveau bien rouge, il place la pointe dans un gabarit trou rectangulaire qui se prolonge par un autre trou dans l’enclume), il brise ce qui retient encore le fer rougi à la barre et martèle ce qui devient rapidement la tête du clou.

 

Pour ce faire, c’est la partie de la barre non martelée en pointe qui se bloque dans le gabarit et s’écrase petit à petit
sur ce dernier tandis qu’un centimètre environ se prolonge sur la pointe qu’il allonge en parfait rectangle ou carré.
La tête du clou est ainsi presque ronde mais aussi décentrée par rapport à sa base pointue.
Si la fabrication d’un clou ne prend pas plus de trois minutes à un forgeron expérimenté, le travail répétitif le maintient malgré tout à environ 120 clous par journée de travail.

Le clou est ici présenté à l’échelle 2/1 afin de pouvoir distinguer tous les détails de son martèlement.
Encore un grand merci au forgeron pour nous avoir permis de revivre une partie de notre patrimoine historique.

(*) Les décorations posées sur le bois et sensées les renforcer sont des fausses pentures.
Les pentures sont identiques mais renforcent la porte en étant directement intégrées au niveau des charnières
ce qui leur donne un « bras » plus long et ainsi plus fort sur la boiserie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 19