Ratification du dictum

Ratification du dictum
par le seigneur
de Fontaine
Jehan de Fontaine

par Lucienne Berghmans

 

Malgré la charte accordée par le seigneur Wautier aux habitants de Fontaine en 1212, de nombreux différents
opposent d’une part les habitants de Fontaine et leurs représentants (le « maijeur »* et les échevins **)
et d’autre part leurs seigneurs successifs.
Ces incidents ne font malheureusement que se répéter au fil des siècles et les querelles entre les Princes de Liège
et les Comtes du Hainaut n’est qu’une raison parmi tant d’autres.

La ratification

L’un des écrits des Archives de l’Etat a Liège illustre bien ces querelles ; il s’agit de la copie rédigée en 1736,
d’un document original datant, lui, du 29 mai 1503 et titré « Rattification faite par noble homme Jean de Hennin,
Seigneur de Fontaine de la Sentence arbitralle madame marguerite d’Angleterre e Duchesse de Bourgoingne
»
Comme le titre l’indique bien, il s’agit ici de la ratification faite par le Seigneur de Fontaine à la suite d’une « Sentence »
(ou « Dictum ») rendue à son désavantage le 16 janvier 1502 à Binche. Ce Dictum condamnait le Seigneur à respecter
la charte de 1212 et confirmait les droits de la ville avec appel aux échevins de Liège en dernier ressort pour les causes
jugées par la Cour de Fontaine.
Voici en quels termes Jehan de Hennin, se présentant comme « escuyer » et « Seigneur de Fontaine D’Anderlues », s’adresse a Marguerite d’Angleterre pour reconnaitre la dite sentence:
« […] ma très redoutée dame madame la Duchesse de Bourgogne […] Laquelle sentence jay emologué, ratifié
et approuvé […] et le serment par moy fait a ma réception je promet entretenir la charte du Seigneur Wautier
et les privilèges, usages et bonnes coutumes de ma ville et de mes sujets de fontaine autant et si avant qu’ils en ont jouy
et usés […] en promettant par mondit serment et par l’obligation de tous mes biens des a jamais aller au contraire
des point contenus en la dite sentence […]. »

Il est peut être utile de faire remarquer que le texte fait référence non seulement à la charte de Wautier, vieille
de près de 300 ans a l’époque, (ce qui montre bien l’importance donnée a ce genre d’acte) mais également
a l’un des aïeux du Seigneur Jean de Hennin : Bauduin VI de Hennin.
Ce dernier tenta, en 1395, de remplacer la loi de Liège par celle du Hainaut, ce qui conduit directement aux troubles
de 1408.
Le texte nous parle clairement de cette période :
« […] promet encore que a jamais ne m’aiderray contre eux des lettres d’un feu Bauduin Seign. de fontaine
mon prédécesseur faites en l’an 1408 […] »

Marguerite d’Angleterre

Mais qui est donc cette Marguerite d’Angleterre à qui Jehan de Hennin s’adresse ?
Les titres de noblesse cités dans l’en-tête nous renseignent sur le personnage :
[…] Marguerite d’Angleterre par la grâce de Dieu, duchesse de bourgogne, de Lobbes, de Brabant, de Lambourg,
de Luxembourg et de Gueldres, comtesse d’Artois, de Bourgoigne Palatine, de Haynaut, de Hollande, de Zélande
et de Namur, marquise du St empire, Dame de Frize, de Malines, dame viagère de Binche […]

 

 

 

 

Il s’agit, plus que probablement de Marguerite d’York
(1446-1503), sœur des rois anglais Edouard IV et Richard III,
et aussi épouse du duc de Bourgogne ; Charles le Téméraire.

En 1477, lorsque meurt ce dernier, Marguerite de York
s’établit à Malines pour y épauler sa belle-fille, Marie de Bourgogne,
épouse de l’empereur Maximilien d’Autriche.

 

 

 

 

* Le premier magistrat de la ville (en 1502, Arnout ou Arnol de Carnièr) porta des titres divers à travers les ans :
– Du Moyen-âge jusqu’en 1794, il fut appelé « maÿeur »
– De 1794 à 1817, sous la domination française, on le nomma « maire »
     
– De 1817 a 1830, sous le régime hollandais, il prit le nom de « bourgmestre », nom qu’il garda jusqu’à nos jours
** En 1502, échevins repris dans le Dictum :

  •  Robert Hallet
  • Toussaint le Hennuyer
  • Noël Henri
  • Johacim Faÿe

Bibliographie
– PARÉE (J.A.S.), Histoire de la ville de Fontaine L’Evêque, Ed. 1968
– Archives de l’Etat de Liège

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 7