Corbeillard ou corbillard ?

Corbeillard
ou corbillard ?

par Alain ARCQ

Comme beaucoup de noms devenus communs, le char funéraire, aujourd’hui véhicule parfois de luxe qui n’est plus toujours de couleur noire, doit son nom au temps de la Révolution française.
En effet, un des moyens les moins coûteux de se déplacer aux temps jadis, était la méthode fluviale.
Pour ce faire, les « coches d’eau » ou plus exactement les « bateaux-coches » étaient de grands bateaux couverts naviguant le plus souvent sur la Seine au plus grand profit des voyageurs et de certaines marchandises.
Les principaux qui nous sont encore connus étaient ceux de Sens, Montereau, Auxerre, Fontainebleau, Corbeil et Valvin.


Tracté par des chevaux plus que porté par sa voile, le coche d’eau (1) qui faisait régulièrement le service de Corbeil à Paris au XVIème siècle était désigné sous l’appellation populaire de « corbeillard ».
Il était peint en noir et ce nom fut employé pour désigner un char mortuaire à la fin du XVIIIème siècle.
Une légende veut que le jeune Bonaparte, se rendant à Auxonne, aurait comparé le rythme lent et la couleur d’un char mortuaire à celui de ce moyen de navigation en disant avec son petit accent corse : « il est aussi lent que le corbeillard ! »
Néanmoins, on ne peut y soustraire ce qui fut probablement l’origine de ce nom : « Au Moyen Âge, Paris était ravitaillée en céréales, vin, bois et matériaux de construction par plusieurs ports en amont dont celui de Corbeil.
De par leur provenance, les bateaux affectés à ces transports étaient nommés « corbeillards » et étaient peints de couleur noire.
Lors de l’épidémie de peste (1628), on les utilisa pour évacuer les morts de la capitale.
Les Parisiens déformèrent le nom en « corbillard », terme repris ensuite plus largement pour désigner le sinistre véhicule que l’on sait. »

A Venise, l’usage toujours quotidien de ce mode de transport des défunts, tant par gondole que par vedette à moteur richement décorée est toujours d’actualité.

(1) Coche d’eau : chaland tiré par des chevaux, le chaland étant un bateau à fond plat, ancêtre de la péniche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 22