Fontaine-l’Evêque au Rognac

Fontaine-l’Evêque
était au Rognac
cette année

Contexte historique

par Roland POLIART

En ce mois d’août 1944, sachant que l’avenir se présente sombrement pour les troupes du IIIéme Reich, pressées à l’Est par l’avancée de l’armée soviétique et repoussée par les troupes alliées à l’Ouest, les commandos rexistes (milice fondée par Léon Degrelle de même que la Légion SS Wallonie) sont pris d’une folie meurtrière et décident de mettre la région carolorégienne à feu et à sang.
Pour continuer cet article, nous nous servirons de celui signé CH.B. paru dans le groupe SUDPRESSE le lundi
18 août 2004.
« Dès 1942, les occupants allemands créent le Grand Charleroi, une sorte de mégafusion regroupant quasi tout l’arrondissement carolorégien et qui comptera quelque 350 000 habitants.
Depuis la mi-juin 1941, le mayorat avait été confié à un rexiste notoire, Prosper Theugels, par ordonnance allemande.
Il n’allait pas décevoir ses chefs en leur fournissant, entre autres documents « chauds », la liste des gens d’origine juive, et en remplaçant les échevins élus par de véritables hommes de main tout acquis aux occupants.
Le 19 novembre 1942, Prosper Theugels était abattu par les chefs des Partisans Armés à proximité de l’Hôtel de Ville.
Dans son livre « Partisans au Pays Noir », la regrettée Yvonne Ledoux, Grande Résistante, précise que les exécuteurs
du traître étaient Victor Thonet, Raoul Baligand et Franz Michiels.
Les Allemands allaient remplacer Teughels par Oswald Englebin dès le 31 décembre 42.
S’il n’a pas la funeste réputation de son prédécesseur, Englebin se montre très coopérant avec l’occupant et très accueillant avec les Rexistes.
En février 44, il avait reçu les SS avec beaucoup d’égards et salué, sur la place de la Ville Haute, le défilé des rescapés (Waffen SS Wallonie) de Tcherkassy drillés par leur chef Léon Degrelle qui dans quelques mois prendra la fuite
pour gagner au plus vite l’accueillante Espagne franquiste où il mourra en 1994.
Dans la matinée du 17 août 44, le bourgmestre Englebin, son épouse et son fils Philippe (24 ans) traversent Courcelles
en voiture, c’est le fils qui est au volant, le chauffeur habituel étant malade.
Ils sont accompagnés d’un gendarme, garde du corps d’Englebin.
Sur la route provinciale qui traverse le hameau de Rognac, le conducteur et les autres occupants aperçoivent une petite voiture à l’arrêt ; cinq hommes prennent les attitudes d’automobilistes qui cherchent l’origine d’une panne, ce qui,
à l’époque, ne suscite guère de surprise.
 Mais à l’approche de la voiture mayorale, ils sortent des mitraillettes et tirent quasi à bout portant avant de remonter dans leur véhicule pour prendre la fuite.
Englebin, sa femme et son fils sont morts.
Seul, le gendarme échappe à l’attentat et c’est par son témoignage que l’on en connait les circonstances.
Aujourd’hui encore, le nom des tueurs d’Englebin reste un mystère, les jugements de l’épuration n’ayant rien apporté
à la vérité sur cette affaire qui allait déclencher une épouvantable tuerie, organisée et exécutée par les Rexistes. »

 

Dans la soirée du 17 août, à peine quelques heures après l’attentat contre le bourgmestre, les Rexistes, sous la conduite de leur chef Victor Matthys, sont sur place et s’apprêtent à regagner Charleroi pour se livrer à d’odieuses représailles.
Vingt personnes, pour la plupart des personnalités carolorégiennes sont ainsi arrêtées.
Parmi elles, le Chanoine Pierre Harmignie, l’avocat Mayence, Charles Brogniez et quatorze autres personnes.
Elles sont transportées dans deux camions jusqu’à la maison la plus proches de l’attentat meurtrier, au 196, rue Sart-lez-Moulins.
Elle est occupée par monsieur Clovis Hublou qui est prié de vider les lieux au plus vite.

 

 

Les prisonniers, après une fouille en règle, doivent ensuite descendre dans la cave.
Au petit matin, vers 6 heures le 18 août, les malheureux sont remontés deux par deux vers le rez-de-chaussée où ils sont dirigés vers la porte et abattus comme des bêtes, d’une balle dans la nuque.

 

 

Deux autres personnes ont été abattues avant d’atteindre
la maison.
Il s’agit du docteur Paul Coton et de monsieur
Paul Van Den Berghe.
Deux stèles nous rappellent leur souvenir.
Mais les représailles allemandes continuent et le 24 août,
24 otages sont assassinés par les Allemands
et leurs cadavres jetés dans la fosse commune de la Serna,
hameau du Diarbois, à la limite de Jumet et de Gosselies.
Cet emplacemnt est plus connu dans la région sous le nom évocatoire de Charnier de la Serna car l’on devait y découvrir 240 cadavres de victimes de tuerie, de tortures,
de pendaisons, etc.
Il serait grand temps de restaurer cette stèle-souvenir …
Et c’est justement pour que ne se perde pas leur souvenir, mais surtout pour que l’Histoire ne se répète pas
que nos Associations d’Anciens Combattants se déplacent chaque année vers ce lieu de mémoire.

 

 

2013

Ce 18 août 2013, ils étaient accompagnés du Bourgmestre monsieur Noël Van Kerckhoven et de l’Echevine
des Associations Patriotiques madame Véronique Lejeune, assurant par sa présence le soutient de la commune
de Fontaine-l’Evêque mais également renforçant la mémoire de nos populations durement marquées
par cet épisode.

18 août 2013 – Maison de la Laïcité de Courcelles
Ci-dessus, les délégations de la F.N.C. de Fontaine-l’Evêque et de Leernes,
accompagnées par madame l’Echevine Véronique Lejeune.

Ci-dessous, l’équipe de la F.N.C. de Leernes encadrant monsieur le BourgmestreVan Kerckhoven.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 32