Les combats de Lobbes du dimanche 23 août 1914

La Thudinie,
un morceau coriace
Les combats de Lobbes du dimanche
23 août 1914

par Jean MEURANT

Cercle de Recherches Archéologiques de Lobbes

1 . Projets allemands pour la Haute Sambre entre Maubeuge et Charleroi

La 2 ème armée allemande, après avoir protégé la progression de l’armée reçoit l’ordre de franchir la Sambre
et de se rendre
maître des routes principales qui traversent l’Entre Sambre et Meuse du Nord au Sud.
C’est déjà chose faite dans la Basse-Sambre dès samedi.
Pour notre région, c’est le 7 ème corps de la 2 ème armée allemande qui sera le dernier à franchir la rivière.
Il sera aidé par la 2ème division de la garde (réserve) qui sera en action à Monceau, à Leernes, à Marchienne et à Gozée.
Le 7 ème corps, après avoir franchi le canal le vendredi, atteindra la chaussée de Binche-Charleroi dès le samedi soir.
Le dimanche 23 août, ces divisions devront progresser du nord au sud selon les axes routiers : Gozée-Beaumont
et Lobbes-Sartiau.
De cette façon, le noeud routier de Beaumont conquis, la forteresse de Maubeuge impuissante, sera séparée de l’ armée
française en grande partie détruite.

Conclusion :
Le dimanche 23 août verra la conquête de la Thudinie.
Deux divisions allemandes convergent vers Lobbes (7ème corps : 13 DI et 14 DI) et Gozée sera pris par la 2ème DGR.
Si les français sont faibles, ils seront détruits.
S’ils résistent bien, ils seront surpris sur leurs arrières par la 3ème armée allemande franchissant la Meuse à Dinant.

2 . Mise en place de la défense de la Sambre entre Thuin et La Buissière

Le 34 ème RI, arrivé à Thuin dès le vendredi, organise la défense de Thuin jusqu’ au hameau du Chêne.
Pour la garde de la Sambre, ce régiment envoie une compagnie à Lobbes et une autre à Aulne.
Après avoir recueilli la retraite des 24 ème et 28 ème RI, une compagnie sera envoyée à la Ferme de la Folie pour la nuit
du samedi au dimanche.
Aux Bonniers, une barricade sera dressée par des éléments du 24e en retraite.
Si une seule compagnie du 34 ème RI stationne à Lobbes pendant toute la journée du samedi, il faut tenir compte
des protections du Nord de la Sambre organisées par le corps Sordet en retraite.
Pour l’essentiel, il s’agit de la Brigade Hollender au contact de l’ennemi à Anderlues et à Leernes.
Cependant la 5 ème DC, stationnée provisoirement à Mont-Sainte-Geneviève et à Bienne-lez-Happart maintiendra
le 15 ème Chasseur à Cheval disponible à la garde des ponts de Lobbes et de Fontaine-Valmont.
Un groupe de cavaliers de ce régiment viendra également garder le pont de Lobbes pendant une partie de la nuit
du samedi au dimanche avant de rejoindre la 5e DC repliée à Bousignies-sur-Roc.
Par contre, la 1ère DC a eu tout le temps de se replier à Merbes-le-Château dans la nuit de vendredi au samedi
et d’organiser la défense de la Sambre depuis Jeumont jusque Fontaine Valmont.
Le soir du samedi, le 3 ème bataillon du 57 ème RI viendra renforcer cette garde de Merbes-le-Château à Fontaine-Valmont.
Cette forte position sera bien utile aux combattants français à Lobbes pendant toute la journée du dimanche.
Enfin, le village de Lobbes après avoir vu le défilé des troupes épuisées du Général HOLLENDER sera gardé la nuit
(Grattière) par le bataillon PIOU (I/24 ème) et remplacé au petit matin par le I/28 ème RI.
Le reste de la brigade se regroupant à Biercée : à la Ferme Fiévet II et III/24 ème ; II/28 ème RI au bois Janot ; III/28 ème
à Ombois et à Pommeroeul.

Conclusion :

La défense de la Sambre est généralement bien organisée : à l’ouest, depuis les fortifications de Maubeuge, la 1er DC
du corps SORDET tient la rive sud depuis le samedi matin. A l’est, la 36 ème DI met en défense la ligne Thuin, Gozée,
Marbaix-la-Tour, Beignée depuis le vendredi matin.
Au centre, c’est malgré tout l’indécision qui prédomine : secteur de la 35 ème DI le plateau de Thudinie
(Grattière, Heuleu, Biercée, Leers-et-Fosteau) ne sera véritablement en possession de sa force de défense
que le dimanche à midi alors que la bataille fait rage depuis le matin.
Est-ce pour cette raison que le 7e corps allemand concentrera tous ses efforts sur les ponts à Lobbes

3. Action militaire à Lobbes le dimanche 23.08.1914

Dès le lever du jour, les cavaliers partent en reconnaissance.
Les Uhlans cherchent les passages de la Sambre par la rue de l’Entreville, par la voie du tram et par la route de Binche.
Ils sont refoulés par des tirs de mitrailleuses postées sur la rive droite de la rivière.
Les cavaliers français après avoir pris contact avec leurs collègues anglais, ratissent l’espace d’un profond no man’s land.
Ils permettront ainsi d’anticiper la mise en ligne de nouveaux régiments allemands.
Ceux-ci ne se font d’ailleurs pas attendre : d’Anderlues et de Mont-Sainte-Geneviève ils déferlent vers les Bonniers
et la Sapinière.
Très rapidement les unités allemandes descendent les terres de l’Abbaye et également les terres de Forestaille.
Leur plan est simple : attaquer le passage de Lobbes et en même temps le contourner par Sars-la-Buissière.
La réaction française est aussi puissante qu’inattendue.
Une seule batterie française du 14 ème RAC bien camouflée au Champ de la Croix va écraser de ses tirs précis
les compagnies de la 14 ème division qui s’orientent vers la Portelette.
Ils cherchent une autre voie d’accès. Le val du Rabion est tout aussi meurtrier.
C’est finalement par la voie du chemin de fer (ligne 109) que certaines petites unités réussissent à s’infiltrer sur la rive
gauche de la Sambre.
L’artillerie allemande est totalement inefficace pendant toute la matinée.
Les soldats de la 11 ème brigade du général Hollander ont transformés les maisons du bord de l’eau en petits fortins
inexpugnables.
De plus, cette puissante artillerie tire en aveugle car aucun observateur n’est en mesure de relever les impacts et encore moins les positions des batteries adverses.
Celles-ci, depuis les hauteurs de Fontaine Valmont tirent pratiquement à vu, sur les terres de la Sapinière, de Forestaille
et de l’Abbaye de Lobbes.
Il s’agit des artilleries divisionnaires du corps Sordet (1er et 3 ème D.C.). Elles ont les moyens et tous les renseignements
nécessaires.
Bref, à midi, le 7 ème corps allemand a perdu beaucoup d’hommes et rien conquis du tout.
C’est alors que l’ordre sera donné de faire reculer la ligne de défense française de la Sambre au ruisseau de Biercée
qui coule en parallèle sur le plateau.
C’est une aubaine pour les fantassins allemands quoique l’accès au plateau par le bois de Bambois soit des plus difficiles.
A l’abri des regards, les soldats des 16 ème IR et 53 ème IR constituent des redoutes forestières pour concentrer les troupes
nécessaires à un grand bond dans la Thudinie.
Mais voici que la 35 ème D.I. arrive, enfin sur le champ de bataille.
Le 18 ème corps français va prononcer une terrible contre-attaque pour rejeter les régiments allemands sur la rivière Sambre.
Entre le Panorama et la ferme de la Folie, c’est 6000 fantassins qui foncent vers l’orée du Bambois et du Feuillu.

L’empoignade est meurtrière mais la nuit arrive alors que le 7 ème corps allemand n’a pas réellement pris pied sur le plateau de Thudinie.
L’état-major du 7 ème corps loge au château
de Buvrinnes et le moral n’est pas joyeux du tout, pourtant, au cours de la nuit, les troupes françaises se replieront aux extrémités sud
du plateau de Thudinie et, de ce fait, le 7 ème corps allemand aura atteint ses objectifs.

 

On peut évaluer le nombre de victimes de ce jour de combats à 1000 morts et 3000 blessés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 8