Joseph Cochart

Le 120 ème anniversaire
de l’acquittement
de Joseph COCHART.

par Marcel Englebienne, avril 2009

Le 25 mai 1889, Joseph COCHART, un socialiste républicain de Forchies, fut acquitté.
Accusé de complot contre l’Etat belge, il avait été jugé, avec dix-neuf autres inculpés, tous partisans du suffrage universel.
Leur procès, dit du Grand Complot, se déroula devant les assises de Mons à partir du 5 mai 89.
Quelques ténors des barreaux de Bruxelles et de Mons et de Charleroi
– comme Paul JANSON, Edmond PICARD, Jules DESTREE, Fulgence MASSON, Alexandre de BURLET – obtinrent
un acquittement quasi général.
Joseph COCHART avait choisi comme défenseurs Me LAMOTTE et Me Adolphe ENGLEBIENNE (1844-1906), conseiller communal de Mons et conseiller provincial catholique du canton d’Enghien.

Constant Joseph, dit Joseph, COCHART, est né à Forchies le 8 septembre 1866.
En 86, il est le secrétaire du Conseil d’industrie de sa commune.
Cette association perçoit 3 % sur le débiteur de la coopérative, elle est présidée par Nicolas GLAS, le vice-président est François ESMANNE (dossier n° 248 du procès d’assises).
En 1888, son père, Dieudonné Constant, meurt accidentellement au puits n° 10 de Forchies ; sa mère,
Mathilde WAUTELET est déjà décédée en 1871, tous deux étaient originaires du Brabant wallon.
En 1888, il est le secrétaire de l’Union des mineurs, présidée par Hubert BROHET, le trésorier est Célestin GRARD,
Léopold VIRLET – dont on reparlera plus loin – en est l’un des commissaires.
Cette société est affiliée au Parti socialiste républicain fondé l’année précédente par Alfred DEFUISSEAUX et à la Ligue
des Chevaliers du Travail
(Pro Justitia du 8 janvier 89).

Le Noble and Holy Order of the Knights of Labor (Noble et saint ordre des chevaliers du travail) fut
une organisation de défense ouvrière présyndicale
qui exista de 1869 à 1949 aux États-Unis.
Elle s’inspirait du modèle maçonnique et des compagnonnages.
Elle opéra de manière secrète jusqu’en 1878,  puis connu
un développement important jusqu’en 1886.
Ses dernières loges disparurent après la Seconde Guerre mondiale.
Elle s’installe en Europe dès 1869 et touche presque tous
les pays industrialisés.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Knights_of_Labour

Le 26 décembre 1888, un rapport de la gendarmerie de Fontaine signale que dans le ressort de cette brigade, il n’y a qu’une seule ligue ouvrière, celle de Forchies-la-Marche, d’après les renseignements obtenus, elle n’aurait désigné aucun de ses membres au Congrès de Châtelet.
Congrès du 2 décembre qui vota la grève générale en vue d’obtenir le S U.
Les gendarmes étaient mal informés : en effet, non seulement Joseph COCHART a représenté la Ligue de Forchies
à ce fameux congrès, mais il y a pris la parole.
Lors du second interrogatoire (Pro Justitia du 1er février 89), il reconnaît même avoir conseillé d’attacher les fils
télégraphiques ensemble, avec un fil de laiton, pour couper les communications et empêcher les troupes de venir.
Deux jours plus tard, le 4 décembre, jour de la Sainte Barbe, il est, de son propre aveu, l’un des trois orateurs
qui haranguèrent les ouvriers à La Louvière lors du meeting au salon du vicaire, chez Victorien MAINIL.
Un témoin fait son portrait : âgé d’une vingtaine d’années, taille moyenne, figure ronde, cheveux et sourcils blonds,
coiffé d’un petit chapeau en feutre dit « boule », vêtu d’un pardessus noir avec col en velours.
Le même témoin affirme qu’en terminant son discours, il a déclaré que puisqu’on ne faisait pas droit aux revendications
des ouvriers, du moment où la grève serait générale, on marcherait sur Bruxelles et on irait planter le drapeau rouge
sur les ruines du palais.
A cette grave accusation, Joseph COCHART répond : Je ne crois pas avoir dit « sur les ruines » car je considérais ce mot comme compromettant.
Il ne semble pas avoir participé au meeting noir qui se tint le lendemain, à La Louvière, au salon MOREAU.
Dans les jours qui suivirent des cartouches de dynamite explosèrent dans plusieurs communes du Centre, provoquant
des dégâts mineurs.
Dans la nuit du 9 au 10 décembre, une charge endommagea le pont Pilette à Fontaine.
Le lendemain, M. KIPS, commissaire de police, écrit au procureur (dossier n° 279, pièce 6) pour dénoncer les coupables
selon une personne digne de foi : Léopold VIRLET et Alphonse DEGROOT.
Il ajoute : il se pourrait que l’on trouve des armes et de la dynamite chez Joseph COCHART.
Le 21 décembre, il envoie une nouvelle lettre accusant cette fois : Alphonse DEGROOT, COCHART, secrétaire
de la ligue,
et Télesphore FRANCOIS (pièce 8).
Entre-temps, des perquisitions ont été organisées chez COCHART, DEGROOT et VIRLET.
Chez le premier on saisit quelques carnets, un exemplaire de La République, une convocation, rien de bien compromettant.
Chez ses deux compères, on n’a rien trouvé non plus.

Joseph COCHART a été arrêté, sans doute, peu de temps après, mais je n’ai pas trouvé son mandat d’arrêt dans le dossier
d’assises.
Le docteur HACKIN, bourgmestre catholique de Forchies, déposa en sa faveur le 17 janvier 89 : Je n’ai rien de défavorable
à dire au sujet de COCHART, secrétaire de la Ligue de Forchies-la-Marche.
Il en fera d’ailleurs de même devant les assises du Hainaut le 20 mai.
Le 11 janvier 1890, Joseph COCHART épousa Anna DUBRAY, à Forchies, ils n’eurent pas d’enfants.
Son neveu s’appelait Nestor COCHART, il était boulanger à la rue Neuve et, ancien combattant de la 1ère Guerre Mondiale,
il devint président de la section locale des Anciens Combattants.
Le fils de Nestor, Albert COCHART, fut pharmacien à Forchies Trieux jusqu’en 1976.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 14