Bataille ou combat de Leernes 22 août 1914, par Alain ARCQ

La journée la plus sanglante des Armées françaises. En vingt-quatre heures elles vont dénombrer 27.500 morts au Champ d’Honneur. Ce sera la journée noire de la Grande Guerre pour la France. Jamais plus elle ne connaîtra si grand nombre de morts en si peu de temps. Ces batailles ou combats auront lieu de l’Alsace à la Sambre, en passant par les Ardennes belges et le Grand-duché de Luxembourg. Modestement, nous nous intéresserons à 72 d’entre eux car aujourd’hui, après près de cent ans, nous en connaissons enfin les noms.

Cet article descriptif des différentes phases de la bataille ne sera pas « fouillé » dans ses détails car pour cela il existe un ouvrage de référence, publié sous la plume de votre humble serviteur aux Editions HISTORIC’ONE scs et disponible en librairie. Je puis rassurer le lecteur que dans cet ouvrage, tous les détails apparaissent et que les preuves et rapports sont cités dans les détails.

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L’attaque allemande vu par le Reichsarchiv 

« Le 7e corps d’armée marchait sur Binche avec la 13e division, et à l’est de Binche sur Anderlues avec la 14e division.

La 14e division s’était heurtée à des Français au nord d’Anderlues. Ceux-ci, toutefois, ne tardèrent pas à céder, lorsque le gros des troupes de la division passèrent à l’assaut et que l’action de la 26e brigade (13e division) se fit sentir dans leur flanc gauche.

Le voisin de gauche du 7e corps d’armée, le 10e corps de réserve, était engagé dans le labyrinthe des maisons et des mines de Charleroi…la 2e division d’infanterie de réserve de la Garde devait marcher par Roux sur Marchienne-au-Pont, la 19e division d’infanterie de réserve de Gosselies sur Charleroi. Pendant que l’avant-garde de la 2e division de réserve de la Garde se battait à Montceau (sic), les éléments les plus avancés du gros des troupes avaient été dirigés, en contournant Montceau (sic) par l’ouest, sur Leernes, pour protéger le flanc droit de l’avant-garde. Là, elles se heurtèrent à l’ennemi qu’elles rejetèrent vers le sud, après un court combat. »

Liste Officiers et cadres 3e Bataillon 28e RI

Un combat bref et violent

Le bataillon reçoit l’appui d’une batterie d’artillerie qui fait partie du 61e régiment d’artillerie (du 1er corps de cavalerie, 5e division de cavalerie du général Sordet). Elle s’installe sur le plateau de la Plagne d’où la route de Charleroi à Mons, dans la vallée de l’Ernelle, est bien visible. Afin de couvrir l’entièreté du secteur et de permettre un tir direct, les artilleurs coupent et scient les pommiers qui les gênent. La batterie est mise sous la protection de la 7e compagnie du 2e bataillon du 28e RI. Cette compagnie, non directement engagée dans la bataille, aura le triste sort de subir les bombardements de l’artillerie prussienne. Elle perdra au moins un homme, signalé tué. De plus, cette batterie se retirera avant le début des combats, ne subissant que le tir de ses consœurs allemandes installées à Goutroux.

Détaché à plus de trois kilomètres et demi des deux autres bataillons, le 3e bataillon du 28e RI a reçu pour mission de couvrir les ponts sur la Sambre de Landelies et d’Aulne. Pour se faire, le commandant Dutrut, officier commandant le bataillon, a scindé ses forces de la manière suivante autour de Leernes : « Deux compagnies et une section de mitrailleuses en première ligne (9e, 11e et 3e S.M.) au N du village, les 2 autres en réserve, sur une ligne parallèle, au Sud. » Les deux autres compagnies, mises en réserve, sont les 10e et 12e.

Une quarantaine de soldats s’installent dans le fossé, sur le bord du chemin qui sépare Leernes et Fontaine, dans la direction du lieu-dit Paradis. Ce fossé, aménagé par les militaires, les dissimule entièrement, et dans cette position, ils ont un champ d’observation et de tir parfait sur la route en direction de Charleroi. Le reste des deux compagnies occupe une ligne allant du cimetière de Leernes jusqu’à la ferme de l’Espinette.

Combat Copyright

Pour rappel, cette carte fait l’objet d’un Copyright ou droit de reproduction

D’après le Journal local, il est possible que durant ces travaux consacrés à la défense, les Français soient aperçus par des Allemands en progression depuis le terril du puits n°14 de Monceau-Fontaine, par la rue Ferrer et la place de l’Église de Goutroux en direction de la route de Mons. Les Allemands progressent alors par les fonds de Monceau et de Goutroux, pour aller se regrouper au bois de Hameau et derrière les petites carrières de La Falgeotte (écriture actuelle) C’est de ces deux directions principales qu’ils lanceront leur attaque.

Entre dix heures (le plus probable) et midi, suivant les sources, des combats se font entendre dans la direction d’Anderlues. Pour l’instant, à Fontaine et Leernes tout est calme. Les soldats français en profitent certainement pour regarder les fumées des maisons qui bordent la route de Trazegnies à Monceau-sur-Sambre et auxquelles les Allemands ont mis le feu dès neuf heures du matin.

Soudain vers midi, deux uhlans prussiens apparaissent en reconnaissance dans la direction du bois de Hameau, soit à l’Ouest, sur la droite du dispositif français. D’après le Journal c’est une sentinelle française qui voit ces cavaliers de son poste à la ferme Durieux (du monument) et qui donne l’alerte. Aussitôt, les armes françaises se mettent à crépiter et l’un des uhlans s’effondre tandis que le second tourne bride et s’enfonce dans le bois. La gauche restant au cimetière, la ligne tourne en avançant vers la ferme de M. Durieux, appelée aujourd’hui ferme « du monument ».

Venant de Goutroux par les fonds de la Faillejotte et du bois de Hameau, les premiers fantassins allemands du 15e régiment d’infanterie (15 R.I.R) de réserve apparaissent et ouvrent le feu sur les Français. Rapidement, ils débordent les « pantalons rouges » par la droite. Contrairement aux prévisions du commandement français, les premiers attaqués sont les hommes des compagnies de réserve. Ils  « faisaient face aussitôt à la nouvelle direction, et résistaient avec énergie, malgré des pertes énormes ; mais vers 14 heures les forces ennemies augmentant sans cesse, la situation devenait critique. Les 11e, 9e et 3e S.M. n’étant pas directement attaquées, quittaient alors leur position pour renforcer les 10e et 12e compagnies et, vers 15 heures la 9e compagnie prononçait une contre attaque qui permettait au bataillon de se dégager. »

Le commandant Dutrut n’a fait qu’obéir aux ordres en installant pareillement ses troupes ! Heureusement pour ses hommes, ses capacités de décisions et les réactions des ses officiers ont pu palier aux manquements du commandement français (XVIIIe Corps et Corps de Cavalerie du général Sordet).

En effectuant leur mouvement, les Français ont quitté leurs abris, bien préparés. Ils doivent trouver maintenant des abris de fortune car l’ennemi ne leur laisse pas le temps de préparer de nouvelles positions. Les soldats français signalent l’utilisation des mitrailleuses par leurs servants qui firent preuve d’autant de courage que les fusiliers. Ainsi : « Le Lieutenant Judé, commandant une section de mitrailleuses, ses chefs de pièce et tireurs étant hors de combat, se met lui-même à une pièce et continue le feu, quoique blessé une première fois, jusqu’à ce qu’il tombe mortellement atteint !… »

Vers trois heures de l’après-midi (le docteur Hautain dit à deux heures), tournés en force sur leur droite, les Français n’ont d’autre solution que de reculer vers le village de Leernes. Afin de protéger ce mouvement, la 9e compagnie mène une contre-attaque sous les ordres du commandant Hislaire ; elle permet à l’ensemble du bataillon de se dégager.

La retraite vers la Sambre

Comme nous venons de le voir, le 3e bataillon du 28e R.I. est isolé du reste de son unité et de la brigade. Il n’a pas échappé aux soldats et gradés que l’on se bat également en direction d’Anderlues. Une retraite vers cette position serait très risquée.

Le 3e bataillon avait-il des ordres précis pour effectuer sa retraite ? On peut le penser car certains indices prouvent que le chemin était préparé ou tout du moins indiqué aux soldats. (Nous en apportons les différentes preuves dans le livre de référence)

commentaires
  1. pierre S. dit :

    Le Docteur Emile Hautain était mon arrière-grand-père.
    Je dispose de quelques photographies de « l’ambulance » (= hôpital de campagne) que Emile Hautain créa dans les locaux de l’école des filles au couvent des sœurs.
    Si cela vous intéresse.

    • chaf6140 dit :

      Réponse faite à l’hauteur du message en adresse personnelle le 1er janvier 2014

    • chaf6140 dit :

      Cher Monsieur,

      Suite à votre aimable mail sur notre site chaf6140, je vous avais fait réponse, vous disant que nous étions très intéressés pour notre exposition de Leernes di 04 au 26 octobre 2014.
      N’ayant pas de réponse de votre part, je me permets de vous « relancer » en la matière.
      Bien à vous

      Alain ARCQ
      Secrétaire du C.H.A.F.

  2. pierre S. dit :

    Bonjour,

    Je vous avais répondu dès le 1° janvier sur votre adresse Skynet.
    Je vous ai fais copie de cette réponse à la même adresse.
    Mais peut-être n’est-elle plus d’actualité.
    Pouvez-vous vous mettre en contact direct sur ma boîte e-mail en adresse personnelle?

    Merci.

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