Histoire de la ligne 109, 112

HISTOIRE
D’UN CHEMIN DE FER

Ligne 109, 112 pour Fontaine
en passant par la 120/121/122
 pour Forchies.

par Roland Poliart

 

Par Arrêté Royal du 13 juin 1859, la S.A. dite Compagnie du Chemin de Fer du Centre obtint la concession d’un chemin
de fer du Centre à Marchienne-au-Pont.
L’article premier de la convention annexé à la loi du 27 mai 1859 en défini le tracé comme suit :
le tracé de ce chemin de fer partira de la station de Baume, du chemin de fer du Centre vers Erquelinnes ou d’un point
pris sur ce chemin de fer à proximité de la dite station, laissera sur la droite l’ aggloméré de Morlanwelz, se rapprochera
autant que possible des charbonnages du Bois des Vallées, du Piéton et de Forchies, passera également aussi près que
possible de Fontaine-l’ Evêque et, en tout cas dans un rayon de 250 mètres au maximum de la place du Trieu-des Baux
(Trieux des Bois, place Cornille) dans cette ville, et aboutira à Marchienne-au-Pont.
Suite à la mésentente au sein du conseil d’administration et différents procès avec les entrepreneurs, les travaux
ne purent être terminés dans les délais prévus.
En 1863, pour relancer les travaux, une société anonyme, dite compagnie du chemin de fer de Baume à Marchienne,
est constituée.
La construction de la ligne, commencée en 1860, sera mise en service le 7 janvier 1865. (Ligne 109 : Marchienne,
Goutroux, Fontaine, Piéton).
Forchies se situera sur la ligne 120/121/122 Piéton, Trazegnies, Luttre et Courcelles.
Quatre ponts supérieurs furent construits sur le tronçon traversant Fontaine-l’ Evêque : Pont Pilette, Pont du Ventaire (1),
Pont du Tonkin et Pont Navez.
En passant par la gare de Fontaine, plusieurs raccordements furent réalisés sur cette ligne et entre autres : l’usine Dubois Nocent (Prochimic), la clouterie Otlet, la Fontainoise, l’usine Baudoux, l’usine Dercq (Espérance) et les charbonnages N°1 du Pétria en 1870 (2) et du Calvaire N°2.(3).
En 1881, la compagnie de téléphone Bell avait obtenu l’autorisation de placer, à l’intérieur de la gare, un pylône
supportant les lignes téléphoniques.

En 1898, l’administration communale décida de faire les démarches nécessaires pour l’établissement d’un chemin de fer
vicinal, allant d’Anderlues à Trazegnies par Fontaine, et, bien sûr en passant par la gare de Fontaine.
Celui-ci fut mis en service le 9 novembre 1910 pour Fontaine (Station) à Anderlues (Station) et le 6 décembre 1910
pour Fontaine (Station) à Trazegnies (Station).

En 1950, suite à une période de restructuration où des trains de voyageurs furent remplacés par des autobus,
la gare de Fontaine fut classée comme gare de 2ème classe tandis que celle de Forchies devenait gare de 3ème classe.
Le service de prise et remise à domicile, assuré par la gare de Fontaine, fut repris par la gare de Charleroi en 1953.
En 1975, à Fontaine, la cabine et la signalisation furent supprimées, les aiguillages devaient être manoeuvrés à la main.

En 1970, un plan décennal de la SNCB prévoyait l’électrification complète de la liaison Tournai-Mons-Charleroi-Namur
-Liège-Frontière allemande.
Mais pour le tronçon de Mons à Charleroi, dont la mise en service était prévue pour 1980, il existait une divergence
de vue entre le Conseil Economique Wallon et la SNCB.
Finalement en 1975, il fut décidé d’électrifier deux itinéraires : celui de Mons, La Louvière-Centre, Manage, Luttre, Charleroi et celui de Mons, La Louvière-Sud, Piéton et Marchienne.
Un nouveau tracé qui éliminait la courbe de Fontaine-l’ Evêque, réduisant la longueur de 4 kms environ et permettant
une vitesse de 120 km/h.
Entre Piéton et Marchienne-au-Pont, les travaux préliminaires furent entrepris à la fin des années 70 et terminés au début des années 80.
Les travaux de terrassement étaient très importants : 1300.000m3 de déblais, 200.000m3 de remblais, construction
de 6 passages supérieurs et de 4 passages inférieurs.
En certains endroits, on fut confronté à la présence d’une nappe aquifère à un niveau très élevé.
A Forchies, on dut rabattre cette nappe pour assurer la stabilisation de l’assiette des voies.
A Forchies également, sur le tracé de la ligne traversant le siège des charbonnages de Monceau Fontaine (N°8),
on dut remblayer des anciens puits et, pour stabiliser ces remblais, construire une assise en béton à 50 m de profondeur.
D’autre part, des galeries d’aération furent remblayées entièrement au moyen de béton.
Le trafic Piéton – Marchienne-au-Pont était lui, détourné par la ligne 112A, Forchies, Courcelles (Centre) et Roux.
Sur l’ancien tracé, le tronçon Marchienne–au-Pont fut mis hors service le 1er juin 1981.
Les travaux de démontage du tronçon Fontaine-l’Evêque – Marchienne-au-Pont et la mise à voie unique ont été autorisés
par Arrêté Royal datant du 28-10/82.(2)
La pose des voies et les travaux de signalisation et d’électrification (3 Kv CC) du nouveau tracé furent exécutés
au cours des années 1982-83 et la nouvelle ligne (L118 Charleroi, Mons) fut opérationnelle à partir du 21 décembre 1983
et inaugurée le 16 janvier 1984.
Le 27 septembre 1987, le tronçon Forchies à Courcelles Centre fut désaffecté pour être ensuite démonté entre le 4 mai
et le 12 septembre 1989.
A Fontaine-l’ Evêque, les activités « voyageurs » et l’acceptation des colis furent supprimés le 1er juin 1981, entraînant
la suppression du personnel.
Le bâtiment de la gare fut remis à l’administration des domaines, le 6 novembre 1984, la cour aux marchandises fut supprimée le 31 décembre 1985.
Suite aux dégradations causées principalement par les intempéries et aussi le vandalisme, les bâtiments se dégradèrent
de plus en plus et furent finalement abattus (1989) pour ne laisser qu’un emplacement calme où il y 40 ans encore,
une foule de voyageurs (représentants, marchands, ouvriers) y transitait pour se rendre à leur travail. (Principalement clouteries et charbonnages).


A Forchies, un nouveau point d’arrêt fut mis en service le 6 janvier 1984.
L’ancien point d’arrêt fut supprimé le 4 juin de la même année et revendu à un particulier.
La ligne disparaîtra totalement le 27 septembre 1987.


Pour Fontaine, seul ne subsiste que le gros bâtiment situé sur la gauche, qui n’était autre que l’Hôtel de la Gare
(café de la Station) et exploitépendant de nombreuses années par Monsieur Lepage (sur la gauche de la photo)
et ensuite par sa fille (en blanc).
Il fut rénové et transformé en 8 appartements dans les années 1993 à 95.


En 2006 les terrains laissés à l’abandon et appartenant en grande partie à la SNCB furent revendus à un entrepreneur
de Forchies-la-Marche, qui se chargea de nettoyer le terrain pour y construire un ensemble de plus ou moins
50 appartements avec garages (2007-2008).

(1) A signaler que pendant la guerre 40-45 le Pont du Ventaire fut plusieurs fois détruit par des sabotages exécutés
par l’ « Armée Blanche ».
Lors du dernier sabotage (novembre 44), le pont, ébranlé, par les explosions de charges placées sous les voies,
s’effondra lors du passage d’une locomotive lancée à toute vapeur.
Avant de dégager la locomotive et son tender pendu dans le vide et pour éviter tous risques d’explosion, on dut attendre
tout un après-midi, afin que la pression de la vapeur emmagasinée dans la chaudière s’évacue, tout en lançant
un bruit assourdissant.
Personne n’osait approcher et les conducteurs de la loco avaient disparu. Le pont tordu, fut soulevé par une grue,
posé sur le côté (rue du Hanois) et remplacé par un nouveau pont, soutenu de part et d’autre par des piliers en bois.
Tout ce travail avait été réalisé en une journée et une nuit par le « Génie » des troupes américaines, qui avait installé
tout un système d’éclairage pour la nuit.


Afin de se protéger de ces explosions et ayant été prévenues de l’heure d’un prochain sabotage, les familles Nocent
et Poliart se rendaient dans la cave au charbon du château Nocent (Home du Hanois actuellement).
Lors de l’explosion, il y avait d’abord un bruit sourd suivi d’un tremblement de tout le sol de la cave tout en formant
un nuage formé principalement de poussières de charbon.
Obligation de prendre un bain après ces sabotages suivi d’une dégustation d’une bonne tartine à la confiture
pour les enfants. (la guerre n’était pas finie).

(2) Une voie principale (ligne industrielle N° 252) avec un trafic principalement axé sur la desserte des « Tréfileries
de Fontaine » (rue du Repos) et la F.A.P. (fabrication d’armatures pour la précontrainte) (Ruelle aux Loups)
(Anciennes Clouteries de la Fontainoise) fut maintenue au départ de Piéton.
La dénomination « ligne 252 » était à l’ origine attribuée à la ligne industrielle Fontaine-l’ Evêque –Puits N° 1 (Pétria).
Depuis le 04-05-81, celle-ci reprend toute la section Piéton – Fontaine-l’ Evêque.
Pour une locomotive série 73 circulant sur cette ligne, la charge maximale est de 600 T dans le sens Fontaine – Piéton
et de 1340 T dans le sens contraire.

(3) Une liaison privée avait été réalisée entre les charbonnages du Pétria (N°1) et le charbonnage du Calvaire (N°2).
Un changement de locomotive (appartenant au charbonnage) était nécessaire au départ du Pétria, pour pouvoir remonter
la forte pente reliant ces deux charbonnages.
Cette ligne était appelée « La Bretagne ».

Bibliographie :

  • 150 ans du rail à Charleroi 1993 Edition PFT Bruxelles
  • Différents extraits de journaux et revues diverses.
  • Notes personnelles.

Les photos et cartes postales proviennent de la collection de l’auteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 11