La guerre aérienne de 1940 à 1945

La guerre aérienne
de 1940 à 1945
dans la région
de Fontaine-l’Evêque

par Alain ARCQ

Peu de personnes connaissent les différents événements aériens qui se déroulèrent dans notre pays
durant les années 1940 à 1945.
Ces faits ne relevèrent pas souvent d’actes de bravoures ou de combats aériens, mais bien d’objets volants sans pilotes.

Les ballons libres

Pour la propagande ou incendiaire ?
C’est au mois de juin 1941 que les premiers ballons viennent se poser dans notre région. « Gonflé à l’hydrogène, le ballon a un diamètre de près de trois mètres, ce qui lui donne une force de traction d’environ neuf kilos, de quoi emporter
plus d’un million de tracts.
Ceux-ci sont suspendus par liasses sous le ballon dans une sorte de caissette en bois.
Ces liasses sont reliées l’une à l’autre par une mèche d’amadou mise à feu au départ.
La lente combustion de la mèche libère les paquets petit à petit et permet un largage sur une grande étendue.
La mèche, en fin de parcours, enflamme alors le ballon qui se détruit.
Le mécanisme est simple mais ingénieux et permet d’envoyer jusqu’à deux cents ballons par nuit.

Toutefois, cette méthode peut parfois se révéler fort imprécise.
Des ingénieurs doivent entreprendre de nombreuses études avant l’envol. Les conditions météorologiques,
les surfaces à couvrir, la vitesse et la direction du vent, le nombre de tracts à emporter sont autant de paramètres
qu’il faut analyser.
Un seul de ces éléments négligé ou mal apprécié et le tract peut se retrouver à quelques centaines de kilomètres
de l’objectif ; ce qui, dans le cas d’un petit pays comme la Belgique, prête à de lourdes conséquences…. »
On apprend également dans ce livre que les lâchers ont lieu à partir d’une base située dans le Kent, plus tard
dans l’East Sussex, comtés voisins du Sud-Est de l’Angleterre.
Ils se déroulent toujours la nuit afin d’éviter que l’endroit de lancement ne soit repérés par l’aviation ennemie.
Cette Unité est la « M » balloon Unit dont le « M » signifie Météorologie » par souci complémentaire de camouflage,
cette Unité relevant directement de la RAF (Royal Air Force).
Durant les années de guerre, ces hommes enverront 57.863 ballons transportant 95 millions de tracts qui « tomberont » sur la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne.
Il est bon de signaler que le nombre des ballons sera réduit à partir de 1942, le caoutchouc venant à manquer
suite à l’occupation japonaise en Extrême Orient.
Mais certains de ces ballons sont également munis de bouteilles contenant un produit incendiaire.
Leur largage doit théoriquement incendier des récoltes, des forêts, des constructions.. et donc gêner au maximum
les Allemands.
D’autres traînant un câble métallique, seront sensés causer d’importants court-circuits…
Notre région sera couverte par ces trois types de ballons.
Le 29 Mai 1943, un rapport du poste XV de la Gendarmerie de Charleroi signale :
« Dans l’après-midi du 29, un ballon, probablement d’origine anglaise, est tombé à Fontaine-l’Evêque,
rue des Combattants.
Le ballon mesure environ 1,50 mètre de diamètre et, en-dessous, sont suspendus deux petits récipients attachés
à l’aide de cordes.
Un de ces récipients dégage de la fumée.
L’engin est tombé en dehors de l’agglomération et, en attendant l’intervention des services allemands, je fais garder
ces objets ».

Le 3 juin de cette même année 1943, de nombreux ballons traversent notre ciel.
Six bouteilles contenant du phosphore sont ainsi découvertes dans les environs du puits N°3
des Charbonnages AMS de Leernes.
Quatre de ces bouteilles étaient brisées.
Le même jour et le lendemain, des bouteilles seront également découvertes à Gosselies, Montignies-sur-Sambre et Jumet.
Ensuit ce fut les V1 ou « Bombes Volantes »

De son vrai nom Fieseler Fi 103 ou Vergeltungswaffe 1 (arme de représailles N°1), était un avion-missile sans pilote
qui, lancé d’une rampe distante de quelques centaines de kilomètres, volait jusqu’à épuisement de son carburant
avant de s’écraser en faisant ainsi exploser la charge placée dans son nez.
Dans notre région, bien que souvent touchée par la chute de ces engins, seule Leernes
sera concernée par la chute de deux engins dont le premier le 24 septembre et le second signalé
en date
du 1er novembre 1944.
Pour le premier engin, le rapport de la défense passive précise que c’est un V 2…
De toutes façons, les engins tombèrent en plein champ, n’occasionnant guère de dégâts car rien n’est signalé dans les différents rapports de l’époque.

Caractéristiques du V1:

Caractéristiques de l’A4/V2

  • Moteur-fusée à propergols liquides
    • alcool méthylique-méthanol (3 710 kg)
    • oxygène liquide (4 900 kg)
  • Poids au lancement : 13 000 kg
  • Autres fluides : eau oxygénée (130 kg) ; permanganate de sodium (16 kg) ; azote (15 kg)
  • Poussée au décollage : 25 000 kg
  • Temps de combustion : 65 s
  • Vitesse maximale : 5 400 km/h
  • Altitude maximale : 96 km
  • Portée : 320 km
  • Charge explosive : 738 kg avec le problème de l’échauffement lors du vol (jusqu’à 1200°C en surface)

Sources bibliographiques 

  • La guerre aérienne dans la région de Charleroi 1940-1945, de Roland Charlier, Cyndrik De Decker, Jean Léotard
    et Jean-Louis Roba. Editions De Krijger 2003.
  • Archives de l’Etat-Major de la Province de Hainaut du 12 octobre 1944 au 30 mars 1946

Archives de l’Etat-Major de la Province de Hainaut. du 01 avril 1946 au 03 avril 1948

 

 

Extrait revue N° 4