Il y a 52 ans, la libération

Il y a 52 ans,
la libération

par Roland POLIART

 

Le débarquement ayant eu lieu le 6 juin 1944 en Normandie, les troupes américaines ne sont arrivées dans nos régions
que dans le début septembre.
Mons a été libéré le 2 septembre en même temps que Tournai, tandis que Fontaine, Charleroi et Namur ont été libérés
le 4 septembre.
Le 3, à la tombée du jour, Bruxelles était libéré par les Welsh Guards dans laquelle est incorporée la Brigade Piron et les autoblindées de la Household Cavalry tandis qu’ Anvers tombera aux mains de la 11 th Armoured Division, le 4 septembre.
Ces divisions quittèrent la ville d’ Amiens le 31 août à 6h du matin et étaient commandées par le lieutenant général
Brian Horrochs de l’ armée britannique de Dempsey.
Dans la matinée du 4 septembre, la rumeur circulait à Fontaine que les Américains arrivaient d’Anderlues, c’ est alors que l’ on arbora, de drapeaux alliés, les fenêtres de l’ hôtel de ville (actuellement magasin Scaillet sur la place). A la vue des premiers blindés, l’on crut voir des chars allemands, c’est alors que l’ on cassa les carreaux supérieurs de la porte d’ entrée de l’ hôtel de ville tellement on alla vite pour faire disparaître les signes de bienvenue aux alliés.
On replacera les drapeaux par la suite car il s’agissait bien de chars américains.


Notre ville fut donc délivrée
le 4 septembre,
dans le début
de l’ après-midi,
par la 3 ème division
blindée américaine commandée par
le Général Rose
(qui entra la première
dans Cologne
un mois plus tard)
faisant partie
du VII corps de la
1 ère armée US qui se composait des 2 ème
et 3 ème division blindée ainsi que des 1ère, 4 ème, 9 ème
et 30 ème division d’ infanterie.

 

Le 6 juin 1944, la 1 ère division arpentait le sol français à Omaha Beach tandis que la 4 ème division opérait à Utah Beach.
La 2 ème et la 9 ème avaient débarqué le 11 juin.
Depuis le 3 septembre, le VIIe corps occupait un front de 35 km environ, allant de Mons au sud de Charleroi.
Durant les premiers jours de septembre 1944, la route de Mons à Charleroi vit passer des milliers de soldats allemands
en débandade, essayant de regagner l’ Allemagne le plus vite possible et par tous les moyens.
Le 4 septembre, en début d’ après-midi, une colonne de chars américains, venant de Binche, descendit la côte du Berger en se dirigeant vers Marchienne et Charleroi.
Toute la population se pressait le long de la route de Mons pour applaudir et embrasser les premiers soldats américains
qui lançaient dans la foule différents présents disparus ou inconnus tels que : chocolats, chewing-gum, cigarettes faites Camel et Chesterfield …. ; des grappes humaines, juchées sur les blindés, accompagnaient les libérateurs
sur des kilomètres ; l’atmosphère de cette journée est indescriptible.

Cependant, cette journée allait être ternie par un tragique événement local.
Un jeune major allemand, un commandant ainsi que quelques soldats, retranchés dans la forêt de Compiègne décidèrent de continuer la lutte tout en se dirigeant vers l’Allemagne.
Ils s’arrêtèrent dans notre commune début septembre et s’installèrent sur le terril du N° 2 entre la route de Mons
et la Cressonnière.
Repérés par la résistance locale, le F.I. ( Front de l’ Indépendance), quelques dizaines d’ Allemands furent fait prisonniers
et ramenés aux bains douches du charbonnage du N° 10 à Forchies ( endroit ou la majorité des Allemands faits
prisonniers dans la région furent incarcérés, ils furent ensuite conduits à la caserne Caporal Trézignies à Charleroi).
Le lendemain matin 5 septembre, une nouvelle expédition fut organisée mais sans succès.
Les Allemands voulaient se rendre à l’armée régulière américaine passant à ce moment sur la route de Mons.
On essaya donc de convaincre une estafette américaine à se rendre sur le terril. Par l’intermédiaire de Monsieur Leblanc
(dentiste au Pétria), connaissant l’anglais, on réussit à parlementer avec 2 Américains se déplaçant en moto avec side-car
et à les envoyer vers le terril malgré l’ordre de l’état major général qui était de foncer le plus loin possible et le plus vite possible, donc de négliger les poches d’Allemands en retraite.
Pendant ce temps, les résistants voulant encercler les Allemands, entendirent des balles crépiter autour d’ eux.
Une véritable bataille s’engagea entre les Fontainois à découvert dans les prairies de la rue du Roton et les Allemands
dissimulés dans la végétation du terril.
On fit alors appel au Groupe G de Piéton-Forchies qui vint rapidement à la rescousse avec 2 mitrailleuses prises
aux Allemands dans le bois de Trazegnies, le matin même.
Les hommes du groupe G prirent position à l’intérieur de l’enceinte du cimetière en mettant les deux mitrailleuses
en action, ce qui fit déloger rapidement le major, le commandant et 30 Allemands dont un seul fut blessé au pied.


Du côté des résistants F.I., 15 hommes et un américain ( venant de la route de Mons et tué au sommet du terril)
y trouvèrent la mort.
Ils avaient pour nom : Argot M., Caudron R., Dewilde S., Dubois L., Dufour F., Hennebert G., Illau F., Jacmain J.,
Lempereur R., Léonard F., Schroeven L., Vermeersch A., Taffyn P., Willame R., Woué A., et Nason Harold.
De petites croix blanches et un monument de pierre situé à la rue du 5 septembre rappellent cet évènement tragique.


Tout n’ était pas terminé dans la région, le 5 septembre des allemands sont faits prisonniers après des combats,
à Gozée, Marbisoeul, Marbais, Farciennes, Leers Fosteau. Le mercredi 6, l’armée secrète revient dans la ville de Charleroi.
Deux mille hommes marchent vers la caserne Trézignies.
Le nettoyage de la région se poursuivra plusieurs jours encore, à l’Abbaye d’ Aulne, Thuillies, Gourdinnes, Biesmes,
Nalinnes, Leers-Fosteau, Ham-sur-Heure, Mont-sur-Marchienne.
La résistance aura capturé ou mis hors de combat mille allemands.
Le 6, les Polonais libèrent Ypres. Gand et Huy sont délivrés également.
Le 7, les troupes américaines franchissent la frontière allemande.
Le 8, libération de Liège. Le 9, La Panne est libéré par les Canadiens. Le 10, libération de Bruges, Verviers, Eupen
et Malmédy.
Il aura fallu moins de deux semaines pour libérer, en partie, le pays après quatre années passées sous la botte allemande.
Les Belges ne seront pas encore sortis de la guerre car il ne faut pas oublier l’offensive des Ardennes autour de Bastogne
déclenchée le 16 décembre 1944, dernier sursaut de l’ armée allemande qui voulait reprendre le port d’ Anvers
afin de couper l’ approvisionnement en vivres et en matériel des armées libératrices.
La libération rapide de notre pays par ces armées a été due grâce à l’ aide incomparable apportée par les mouvements
de la résistance s’occupant de fournir des renseignements sur l’ennemi et de pratiquer des sabotages, de l’anti-destruction
et des déminages ainsi que la résistance armée aidant la progression et la sécurité des unités blindées alliées.
Le territoire belge ne sera considéré comme entièrement libre que le 15 février 1945.
Propos recueillis dans différentes revues et journaux d’époques d’après guerre et entre autres dans le journal
« La Libération Belgique et Nord de la France » .
Pour la bataille du terril, renseignements reçus de Mr Polain Fernand (voisin du dentiste Leblanc et photos du passage
des troupes américaines à la route de Mons), Gillis Robert (Groupe G), Marc Huart (F.I.) et bien d’autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 8