Historique et développement de la Croix de Feu

Nos héros oubliés

Beaucoup d’entre nous connaissent le « monument aux Morts pour la Patrie » de leur entité. Chaque ville et village de Belgique fut obligé d’édifier un tel mémorial dès 1919, tout comme en France cette même année. Bien souvent, ces monuments font partie du paysage habituel et routinier de nos concitoyens dont certains s’étonnent même de voir quelques cérémonies lors de journées de commémoration comme le 11 novembre.

Pourtant, si les noms qui y figurent sont ceux d’hommes, et parfois de femmes, qui ont donné leur vie pour que nous puissions vivre libres aujourd’hui, la plupart les ont oubliés. Ceux de « 14 », ceux de « 40 »… peu à peu la mémoire s’est enfouie dans notre vie de luxe et de facilités…seuls les anciens et une poignée de fidèles semblent encore se souvenir.

Aujourd’hui, la Grande Guerre est presque comparable aux guerres napoléoniennes, le dernier « Poilu » belge nous a quittés voici quelques années et, avec lui, la mémoire vivante des combattants. Restent les écrits des historiens, leurs récits du fond des tranchées et quelques films de ce cinéma qui montrait au public les premières images censurées et souvent reconstituées des terribles combats.

Un des buts de ces articles est de faire revivre leur mémoire, mais aussi de donner la juste place aux héros qui survécurent aux combats de tranchées, aux bombardements de l’artillerie adverse et au gaz ypérite (*) ou gaz moutarde qui firent des ravages et brisèrent plus d’une vie.

La nation, reconnaissante à ces hommes qui montrèrent tant de courage, ne pouvait pas récompenser tous ces braves. Même si tous ceux qui avaient combattu méritaient de la patrie, il fallait en limiter le nombre par les plus méritants. Le choix ne fut pas facile et c’est ainsi que la « Carte du Feu » fut proposée à Sa Majesté le Roi Albert Ier par L. Dens, Ministre de la Défense Nationale et ratifiée par l’Arrêté Royal du 14 mai 1932.

Cette carte « sera établie sur un papier fort de couleur rouge, l’angle supérieur gauche portant les couleurs nationales ».

Intérieur carte croix de feu

Intérieur de la Carte du Feu de MARCELLE Oscar né à Leernes le 5 octobre 1888
Collection © Alain Arcq

Dans un second Arrêté Royal daté du 6 février 1934, sur proposition du Ministre de la Défense Albert Deveze, Sa Majesté le Roi Albert Ier une décoration dénommée la « Croix de Feu » qui serait attribuée aux détenteurs de la « Carte du Feu » dont cette dernière servirait de brevet.

Voici la description de cette croix telle que parue dans l’Arrêté Royal cité en référence.

« La « Croix de Feu » est en bronze patiné. Sa description héraldique est la suivante :

Avers : Une croix, dont l’arbre aux hachures verticales et les croisillons aux hachures horizontales, à la bordure, en relief chargée en cœur d’un panonceau rectangulaire placé dans le sens de la hauteur chargé d’une vision de champ de bataille bordée à dextre et à senestre d’une guirlande de lauriers en relief, avec : au premier plan une baïonnette la pointe en haut et un casque muni de sa jugulaire le devant orné de la tête de léopard en abs, passés en sautoir, au deuxième plan, une élévation de terrain mouvante du flanc dextre, un canon de campagne de 7,5 cm, en position de tir tourné vers senestre, à l’arrière-plan le ciel avec en chef mouvant du flanc de senestre une ombre de soleil dissipant un nuage du flanc dextre.

Revers : Une croix, dont l’arbre aux hachures verticales et les croisillons aux hachures horizontales, à la bordure en relief chargée en cœur d’un panonceau rectangulaire placé dans le sens de la hauteur chargé d’une palme de lauriers posée en barre coupée par la devise Salus Patriae Suprema Lex posée en fasce et inscrite sur deux lignes, accompagnées en chef à dextre de la couronne royale auréolée et en pointe à senestre des millésimes 1914-1918 inscrits en pal. »

Croix de feu

Croix de feu : avers et revers
Collection © Alain Arcq

En 1937, la Maison d’Editions J. ROZEZ, S.A. de Bruxelles, éditait un livre qui devait marquer le souvenir de ceux qui furent les héros belges de la Grande Guerre : le « LIVRE D’OR DE LA CARTE DU FEU »

Chacun des héros, dont le nom apparaît dans cette précieuse relique, reçut un exemplaire de ce livre ainsi qu’une médaille en bronze massif, d’un diamètre de 65 mm. Cette médaille représente sur son avers un soldat en tenue 1915, coiffé du célèbre casque « adrien » et montant la garde devant les inondations défensives de l’Yser. Sur le dessus, en arc de cercle on peut lire « 1914 YSER ON NE PASSE PAS ! 1918 ».

Sur l’avers, gravé en creux : « HOMMAGE A ……. TITULAIRE DE LA CARTE DU FEU »

Médaille nominative croix de feu

Médaille attribuée à MARCELLE Oscar de Leernes
Collection © Alain Arcq

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