Histoire de la Société des « Charbonnages de Monceau-Fontaine »

Histoire de la Société des « Charbonnages de Monceau-Fontaine » reprenant en partie les puits N°8 et N°10 de Forchies-la-Marche.

Articles parus dans « Chez Nous… »
N° 1 à 5 (1953/54)
et reproduits
avec l’autorisation de Monsieur L. COLINET, Ingénieur à Monceau-Fontaine, auteur de ces dits articles.

 Archives collection Roland Poliart.

Nous connaissons tous l’importance de notre Société dont la concession occupe une superficie de 7.260 Ha.
La carte qui figure à la page suivante nous donne une idée de cette importance: la première montre l’emplacement
occupe par les Charbonnages de Monceau-Fontaine dans le Bassin de Charleroi, la deuxième permet de situer
les différents sièges et services généraux.
Mais si notre société est très importante, elle est aussi très ancienne et nous allons essayer de retracer son histoire
aussi fidèlement que possible.
Bien avant 1800 (d’après des documents historiques, on extrayait la houille sur le territoire de Charnoy, aujourd’hui Charleroi, au XIIIème siècle), les couches de houille qui affleuraient dans les bois de Monceau, de Fontaine-l’Evêque
et des communes voisines, étaient « travaillées » par les habitants du pays.
A ce moment, le droit d’extraire le charbon appartenait aux propriétaires du sol.
En vertu de ce droit, les seigneurs de Monceau et de Fontaine donnaient à des maîtres-ouvriers, des « congés»
pour l’exploitation de la houille sur des surfaces déterminées.
Ces maÎtres-ouvriers exploitaient le charbon d’abord a partir de la surface en suivant la trace de la veine, ensuite
a partir de « cayats » qui recoupaient la couche à une certaine profondeur.

Ces cayats, petits puits dont le diamètre variait de 1 m 50 a 2 m 50, étaient la plupart du temps non maçonnés
et non guidonnés.
La descente du personnel et l’extraction des produits étaient assurées par des treuils à main ou,
pour les installations plus perfectionnées, par des manèges à chevaux.
Les cayats étaient souvent alignés le long d’une galerie d’écoulement qui ramenait l’eau des travaux dans une rivière
ou un ruisseau.
Si on voulait exploiter sous cette galerie, il fallait installer une machine d’exhaure.

La première société, fondée en 1807, réunit un certain nombre de cayats mais c’est 32 ans plus tard que l’on trouve
pour la première fois le nom actuel de notre société.
En effet, le 9 juin 1836, suivant acte passe devant Me Cappier, notaire a Bruxelles, est constituée
la Société de Monceau-Fontaine dont la concession de 1.748 Ha s’étend sous les communes de Monceau, Marchienne, Landelies, Fontaine-l’Eveque, Forchies-la-Marche, Souvret et Courcelles.
En même temps, un autre charbonnage est également fondé à Monceau : c’est en effet le 18 septembre 1806
qu’est constituée, par devant Me François Joseph Lebrun, notaire à Marchienne, la Société du Charbonnage du Martinet,
dont la concession s’étend sous Roux et Monceau, occupant une superficie de 348 Ha.
Cette société fait faillite en 1850 et, le 10 mai 1851, elle est achetée en vente publique par M. Ferdinand Spitaels.
Deux ans plus tard, le 7 février 1852, par devant Me Annez, notaire a Bruxelles, est constituée la Société Anonyme
des Charbonnages de Monceau-Fontaine et du Martinet par fusion de la Société de Monceau-Fontaine, appartenant
a la Société Générale de Belgique, et de la Société du Martinet, propriété de M. Ferdinand Spitaels, dont la concession
est cependant amputée de 30 Ha qui sont rattaches aux Charbonnages du Nord de Charleroi.
Durant les 10 années suivantes, différentes rectifications de limites de concessions sont réalisées
avec les sociétés voisines :
le Charbonnage de Bogemont, le Charbonnage d’Amercoeur et le Charbonnage des Propriétaires Réunis.
Le 22 avril 1869, un arrêté royal accorde une extension de 250 Ha (sous les communes de Fontaine-l’Evêque
et d’Anderlues).
A ce moment, la superficie totale de la concession est de 2.320 Ha.
Le 3 février 1874, par devant Me Dedoncker, notaire à Bruxelles, est réalisée la fusion de la Compagnie
du Charbonnage de Piéton Centre
avec la S. A. des Charbonnages de Monceau-Fontaine et du Martinet.
La Société de Piéton avait été constituée le 7 juin 1830 par devant Me Pletain, notaire à Mons.
La concession avait une superficie de 392 Ha et s’étendait sous Piéton et Anderlues.

Par arrêté royal du 26 mars 1860, elle avait été étendue sous Piéton, Chapelle-lez-Herlaimont et Trazegnies,
par l’acquisition de 65 Ha.
Le 29 décembre 1869, suivant acte passe par devant Me Cornil, notaire à Charleroi, était fondée la Cie
du Charbonnage de Piéton Centre par fusion avec la Société Charbonnière du Bois des Vallées (cette dernière,
dont la concession de 168 Ha s’étendait sous Carnières et Piéton, avait été constituée par arrêté royal
du 25 décembre 1842 par acte sous seing privé déposé auprès de Me Frère, notaire à Charleroi.)
Ainsi, vers 1880, la Société Anonyme des Charbonnages de Monceau-Fontaine et du Martinet occupe une superficie
de 2.945 Ha.
A ce moment, elle est déjà une des plus importantes sociétés de la province de Hainaut ; elle s’étend sous 11 communes:
Roux, Monceau-sur-Sambre, Marchienne, Landelies, Fontaine-l’Evêque, Courcelles, Souvret, Forchies-la-Marche,
Anderlues, Piéton et Carnières.
La Société possède alors neuf sièges d’extraction dont six, les n° 3, 4, 8, 10, 11 et 14, sont en activité ; un, le n° 17,
en préparation et deux en réserve, les n° 12 et 16.
Tous les guidonnages employés sont en bois mais on étudie leur remplacement par des guidonnages en fer.
Les châssis a molette sont en bois, sauf ceux des puits n° 12 et 14 et du puits d’aérage du n° 17 qui est en fer.
Les cages peuvent généralement recevoir 4 wagonnets disposes diversement suivant la section du puits.
La ventilation régulière est assurée à chaque siège par 2 ventilateurs du système Guibal.
L’épuisement des eaux, peu important d’ailleurs, se fait en général à l’aide de tonnes placées dans les cages ou de caisses guidées. Les différents sièges d’extraction sont desservis par 3 puits : un puits d’extraction, un puits d’aérage
et un puits aux échelles.
Au point de vue de la production, l’installation la plus importante est celle du puits n° 14 ; elle se compose
d’une machine d’extraction à 2 cylindres horizontaux avec bâtis américains.
Les 2 ventilateurs Guibal, dont l’un de 7 m de diamètre et l’autre de 9 m, sont disposés de façon à pouvoir aspirer
l’un sur l’autre.
Le 8 décembre 1885, par devant Me Van Halteren, notaire à Bruxelles, est réalisée la fusion de la S. A. de Forchies
(d’une superficie de 196 Ha) avec la S. A. des Charbonnages de Monceau-Fontaine et du Martinet (la S. A. de Forchies avait été constituée le 6 février 1883 par l’apport d’une partie de la concession de la Société Civile de Bascoup, sous Trazegnies, Piéton, Forchies-la-Marche et Souvret).
Le 27 avril 1890, la concession des Charbonnages de Monceau-Fontaine et du Martinet s’agrandit de 80 Ha provenant
du Charbonnage de Carnières Sud et Viernoy (ce dernier était né, le 27 septembre 1836, par la constitution d’une société
par acte sous seing prive en vue de l’exploitation de la concession de Saint-Eloy sous Carnières.
A cette société primitive était venue s’ajouter, en 1880, la concession du Charbonnage du Viernoy sous Anderlues
avec toutes ses dépendances.
En 1890, la société fut liquidée et sa concession partagée entre les Charbonnages de Mariemont, de Monceau-Fontaine
et d’Anderlues. )
En 1897, un arrêté royal accorde aux Charbonnages de Monceau-Fontaine une extension de 307 Ha sous les communes de Fontaine-l’Evêque, Leernes, Landelies, Monceau et Montigny-le-Tilleul.
Le 17 janvier 1908, suivant acte passe par devant Mes Van Halteren et Dubost, notaires à Bruxelles, la S.A.
du Charbonnage de Marchienne,
en liquidation, est englobée par la S.A. des Charbonnages de Monceau-Fontaine
et du Martinet qui devient la S.A. des Charbonnages de Monceau-Fontaine, nom que notre société gardera désormais.
Voyons rapidement l’histoire de ce Charbonnage de Marchienne qui résulte lui-même de la fusion de 3 sociétés:
la S.A. des Charbonnages de la Réunion, la S. A. des Charbonnages des Propriétaires Réunis et la S. A.
des Charbonnages de Saint-Martin.
Les Charbonnages de la Réunion avaient été fondés le 2 janvier 1824 ; leur concession avait une superficie de 1122 Ha
et s’étendait sous Marcinelle et Montigny-le-Tilleul.
Les Charbonnages des Propriétaires Réunis, dont la concession de 87 Ha s’étendait sous Marchienne, avaient été constitués le 21 novembre 1838; ils furent annexes aux Charbonnages de la Réunion en 1874.
Quant aux Charbonnages de Saint-Martin, leur concession de 264 Ha s’étendant sous Marchienne-au-Pont
et Montigny-Ic-Tilleul, avait été accordée à la Vve Decartier de Marchienne par l’arrête royal du 29 décembre 1824.
Ils avaient été fusionnés avec les Charbonnages de la Réunion, le 28 mai 1880, par acte passe par devant Me Eloy,
notaire à Bruxelles.
C’est ainsi que, en 1880, la S.A. des Charbonnages de la Réunion occupait une superficie de 1473 Ha.
En 1884, cette société est dissoute et sa concession partagée en 2 parties: 923 Ha sont rattachés a la concession
de la S.A. des Charbon-nages de Marcinelle-Nord et les 550 Ha restants s’étendant sous Marchienne-au-Pont, Marcinelle,
Mont-sur-Marchienne et Montigny-le-Tilleul, forment le champ d’exploitation, d’une nouvelle société, la S.A.
du Charbonnage de Marchienne, constituée le 30 décembre 1884, par acte passé par devant Me Van Halteren.
Ce Charbonnage de Marchienne n’avait qu’un seul siège d’exploitation, appelé Providence: c’est l’actuel siège n° 18.
Nous venons de voir comment notre société, née au début du 19e siècle avec une concession de 1748 Ha, était arrivée
à occuper, en 1910, une superficie de 4078 Ha.
Passons maintenant rapidement en revue les principaux événements d’ordre technique qui ont marqué son premier siècle d’existence.
En 1826 fut creusé le premier puits qui descendait sous le niveau de la galerie d’écoulement :
c’était le puits n° 2, à Monceau-sur-Sambre, que l’on équipa d’une machine d’extraction à vapeur de 12 CV.
Une pompe à va-peur fut installée pour permettre l’exploitation sous le niveau de la galerie d’écoulement.
Dix ans plus tard, l’exhaure des puits nos 2, 3 et 7 fut concentrée sur le n° 2.
On remplaça alors la pompe à vapeur primitive par une machine d’épuisement de 120 CV.
En 1836 et en 1837, la société commanda en AngIeterre une machine d’extraction à vapeur de 40 CV et en Belgique
une machine pneumatique pour l’aérage; en même temps, on construisit 2 fours à coke près du n° 2.
C’est à cette même époque également qu’on établit un chemin de fer à grande section reliant le puits n° 2
au rivage de la Sambre : ce chemin de fer était desservi par des wagons tirés par des chevaux (il faut noter que c’est à l’emplacement de cet ancien siège n° 2 que se trouvent actuelle-ment le bureau central et les magasins généraux).

En 1838, on commença le creusement d’un puits à Forchies.
Pour la traversée des morts terrains aquifères, on creusa autour du puits principal de petits puits que l’on épuisait
au moyen de moulins à bras ainsi que d’une petite pompe a vapeur.
La même année, on construisit un chemin de fer à petite section, du puits n° 5 au canal de Charleroi à Bruxelles.
En 1840, on décida d’installer comme machine d’aérage au puits n° 7 une vis pneumatique construite
par l’ingénieur-mécanicien Motte.
L’année suivante, furent construits 4 fours à coke au rivage de la Sambre.
En 1853, on entreprit la construction d’un chemin de fer prolongeant jusqu’à Forchies, le chemin de fer existant
depuis le rivage de la Sambre jusqu’au puits n° 7, avec l’idée de substituer au traînage par chevaux, le traînage
par locomotives.
Ce travail, décidé le 4 février 1853, fut inaugure le 7 novembre de la même année.

En 1862, l’ingénieur Biernaux établit des sas pour l’extraction par les puits d’air.
L’ingénieur Scohy perfectionna la détente des machines d’extraction à vapeur.
En 1878, on installa un triage mécanique avec lavoir au puits n° 4, ainsi qu’une fabrique d’agglomérés et, en 1886,
les premiers transports aériens pour les mises à terril des puits n°8 et 10.
C’est vers la même époque que l’électricité commença à être employée pour l’éclairage de la surface.
En 1900, les premiers compresseurs à air furent installés et, en 1902 les premières pompes centrifuges.

En 1903, on entreprit la construction de bains-douches pour ouvriers.
Enfin, en 1909, un nouveau siège (le n° 19) fut construit à Marchienne-au-Pont et, 3 ans plus tard, la centrale électrique
du siège n° 19.

Pour être complet, il faut encore signaler qu’en janvier 1910, un arrêté royal avait accordé une extension de 5 Ha,
tout le long de la Sambre, sous le territoire de Monceau.
Après 1918, l’emploi de l’électricité est étendu aux machines d’extraction et un atelier central est établi à Forchies.
En 1929, commence la construction d’une installation centrale pour le triage et le lavage des charbons des différents sièges près du puits n° 4.
Ces travaux sont poursuivis en 1930, année au cours de laquelle on commence au même endroit la construction
d’une nouvelle fabrique d’agglomérés.
A ce moment, indépendamment du bureau central et des magasins généraux (qui se trouvent à l’emplacement
de l’ancien siège n° 2 à Monceau-sur-Sambre), et du siège n° 3 du Martinet qui sert à l’épuisement, les Charbonnages
de Monceau-Fontaine possèdent les sièges d’exploitation suivants : n° 4 à Monceau-sur-Sambre ; n° 8 et 10 à Forchies ;
n° 14 à Goutroux ; n° 16 et 17 à Piéton; n° 18 et 19 à Marchienne.
La concession, d’une superficie de 4.083 Ha, s’étend sous 18 communes.
L’extraction de 1929 a été de 800.000 tonnes, le nombre d’ouvriers occupes étant de 4.871.

C’est le 30 octobre 1931 qu’est réalisée par devant Me Scheyven, notaire à Bruxelles, la fusion des Charbonnages
de Monceau-Fontaine avec la S. A. des Charbonnages de Marcinelle-Nord, société en liquidation dont la concession
de 2.317 Ha s’étendait sous les communes de Marchienne, Montigny-le-Tilleul, Mont-sur-Marchienne, Marcinelle, Charleroi, Montigny-surSambre, Couillet, Bouffioulx, Loverval, Acoz, Joncret et Gerpinnes.

Nous allons maintenant retracer rapidement l’historique
de cette importante société
de Marcinelle-Nord.

Les premières demandes de concession de mines de houille sur le territoire de Marcinelle paraissent intimement liées
à l’apparition et au développement de l’industrie métallurgique du Sud de la Sambre.
C’est en effet Paul-François Joseph Huart, maître de forges à Charleroi, qui, en 1818, demandait la concession
des mines de houille gisantes sous Marcinelle.
Les premiers travaux, entrepris à faible profondeur, datent des années 1820 à 1822 ; ils ont été menés aux environs
de la Vieille Place de Marcinelle où le terrain houiller affleure jusqu’à la surface.
L’exploitation en profondeur a commencé en 1826 quand la concession fut effectivement accordée par arrêté royal
(cette concession, de 519,5 Ha, couvrait toute la partie nord de la localité).
Un arrête royal du 6 janvier 1829 accorda une extension de 189 Ha sous Couillet.
Le 8 juin 1830, fut constituée une société qui groupait le Charbonnage de Marcinelle, les Usines des Hauchies
où un haut fourneau était érige et les Usines Métallurgiques du Hainaut, construites en 1828 dans la campagne Delmay,
près de la Sambre, à Couillet.
Le 20 juin 1835, par devant Me Coppyn, notaire à Bruxelles, cette société fut érigée en S. A. des Hauts Fourneaux,
Usines et Charbonnages de Marcinelle et Couillet. (A partir de ce moment, les destinées de Marcinelle-Nord furent liées
à celles des U. M. H. dont elles ne devaient se séparer qu’en 1906.)
Nous assistons alors à diverses rectifications de la limite nord de la concession, rectifications réalisées à la suite
de la démolition des fortifications de la Ville-Basse de Charleroi.
En 1865, les actes du Conseil de la Société de Marcinelle et Couillet renseignent que « le Charbonnage de Marcinelle-Nord comprend une étendue superficielle de 745 Ha concédés de fond en comble, sur lesquels sont établis six sièges d’exploitation dont quatre sont aujourd’hui en exploitation ».
Il s’agissait du puits n° 3 (abandonné comme siège d’extraction en 1848 et aménagé pour l’exhaure en 1857), du puits
n° 5 (dont les travaux étaient établis aux niveaux de 136 m, 180 m et 250 m), du puits n° 6 (qui exploitait, au niveau de
150 m, les couches 8 paumes, 10 paumes et 11 paumes, veines très grisouteuses à dégagements instantanés), du puits
n° 10 (qui est l’actuel siège n° 23 Cerisier et dont les exploitations (dont les exploitations, provisoirement arrêtées, furent reprises en 1866) et du puits n° 12 (dont l’enfoncement avait commencé le 23 août 1861 et qui exploitait des couches
assez fortement grisouteuses).
Le 27 juillet 1882, suivant acte passé devant Me Bodson, notaire a Charleroi, la Société de Marcinelle et Couillet
achetait en vente publique la concession des Fiestaux à Couillet, d’une contenance de 291,5 Ha.
Cette dernière concession avait été accordée, par arrêté royal du 21 juillet 1827, à Louis-Lambert-Joseph Schohier, domicilié à Jamioulx.
Notons en passant que c’est en 1844 que l’on trouve la première mention, dans les archives du charbonnage,
de la dénomination de Fiestaux, qui n’est pas inscrite dans l’acte de concession primitif.
Ce nom a donc probablement vu le jour après la première concession.
Notons d’ailleurs que le Larousse renseigne le mot « fiestaux » comme voulant désigner un dégagement spontané
de grisou dans une galerie.
Ce terme, peu connu chez nous, fut sans doute appliqué par les Français qui eurent longtemps des intérêts dans la Société des Fiestaux.
Il est donc fort probable que ce nom, donné à l’escarpement de la rive droite de la Sambre au sud-est de Couillet, est dû aux premières manifestations grisouteuses qui ont accompagné, dès le début, l’exploitation de la houille dans cette région.
Le creusement du puits Sainte-Marie-des-Fiestaux (l’actuel siège N°24) date de 1840.
En plus de ce puits, la concession des Fiestaux comprenait, lors de la fusion de 1882, huit anciens sièges abandonnés,
construits le long de la galerie d’écoulement qui débouchait dans le ruisseau formant l’étang des laminoirs du Lion Belge.
Le plus important était celui situé dans le cimetière actuel de Couillet : il comprenait un puits d’aérage et un puits d’extraction d’une profondeur de 57 m et d’un diamètre de 2,50 m.
Un 9e puits était situé le long de la route de Charleroi à Philippeville : une machine d’exhaure avait été installée à ce siège pour exploiter sous la galerie d’écoulement jusqu’à une profondeur de 27 m.
L’extraction était faite par un manège à chevaux.
Tous ces puits ont exploité la couche « Grande Veine des Fiestaux ».
Peu après cette première fusion, les Charbonnages de Marcinelle-Nord reprenaient, suivant acte passe le 16 janvier 1884
devant Me Delefortrie, notaire à Bruxelles, une partie de la concession de la S. A. des Charbonnages de la Réunion,
en liquidation (Marcinelle-Nord obtenait ainsi 922 Ha supplémentaires à exploiter sous les communes de Marcinelle,
Mont-sur-Marchienne et Montigny-IeTilleul).
De plus, le même acte accordait « le droit d’exploiter, par le puits Conception, en dehors de la partie de concession apportée, et aussi longtemps que la Société de Marcinelle le jugera convenir, les couches de houille gisant au couchant
de ce puits, dans les anciennes concessions de la Réunion et de Saint-Martin, jusqu’a la profondeur de 506 m. »
C’est un des cas, fort rares dans le bassin de Charleroi, de concessions superposées.

Voici quelle était la situation de Marcinelle-Nord vers 1885.
La société était divisée en 3 sections :

1) La section de Marcinelle qui comprenait les sieges d’extraction n° 6, 11 et 12 et le siège en préparation n° 5.
L’exhaure était effectué par le puits n° 3, spécialement affecté à ce service, et par une machine d’épuisement
placée au siège n° 5.
L’aérage était assure par 6 ventilateurs Lambert et Guibal. Tous les puits étaient reliés, par des chemins de fer
à petite section, à une installation de triage central, de lavage des charbons et de fabrication du coke.
Les wagonnets du fond y étaient amenés par de petites locomotives du type de Couillet.
Les ateliers généraux, les magasins et chantiers de bois se trouvaient à proximité du triage central.
2) La section de Mont-sur-Marchienne comportait le siège d’exploitation n° 9 (Conception), l’ancien siège Saint-Joseph
affecté à l’exhaure par cages et le puits d’épuisement de Forêt.
Les installations comprenaient un atelier de triage et une fabrique de coke.
Les produits étaient transportés au moyen de 2 plans inclinés à la gare de chargement reliée au chemin de fer
Grand-Central, à la station de la Sambre.
3) La section des Fiestaux était formée par le puits n° 4 (Sainte-Marie des-Fiestaux), situé sur les hauteurs qui dominent
la station de Couillet.
Les charbons étaient amenés, par un chemin de fer à petite section, à un atelier de triage raccorde à la station de Couillet
et à un rivage à la Sambre.
En 1906, les Charbonnages de Marcinelle-Nord étaient séparés de la Société Métallurgique de Couillet
(actuellement U. M. H.) et devenaient une société indépendante.
L’union de ces deux sociétés avait duré plus de trois quarts de siècle.
A la suite d’un sondage fructueux effectue au sud du village de Loverval, la Société de Marcinelle-Nord demandait
et obtenait, le 12 janvier 1921, la concession des mines de houille gisant, sur une étendue de 326 Ha, sous le territoire
des communes de Couillet, Bouffioulx, Loverval, Acoz, Gerpinnes et Joncret.
Enfin, le 3 octobre 1922, une petite rectification de limite avec le Charbonnage du Bois du Cazier portait la superficie totale à 2.317 Ha.
En 1930, à la veille de la fusion avec Monceau-Fontaine, la S. A. de Marcinelle-Nord exploitait son gisement par 5 puits :
1) la division de Couillet comportait 2 sièges d’extraction: le n° 4 Fiestaux et le n° 5 Blanchisserie, ce dernier
mis en creusement en 1910.
2) la division de Marcinelle comportait 3 sièges à grande profondeur : le n° 10 Cerisier dont l’étage d’extraction était
à 1.078 m, le n° 11 qui exploitait à 956 m et le n° 12 à 1.058 m.
Nous avons ainsi terminé l’histoire de Marcinelle-Nord. Nous poursuivrons celle de Monceau-Fontaine en parlant
de la dernière fusion, réalisée en 1947 avec le Nord de Charleroi.

Les charbonnages du Nord de CHARLEROI

C’est vers 1650 que l’on commença à exploiter la «terre houille» dans le bois de Wiancourt ; un peu plus tard,
on découvrit des affleurements de charbon à Wartonlieu, la Motte et Trieu-des-Agneaux.
Le seigneur ac-cordait le droit de houillère moyennant une redevance annuelle, c’est ainsi que naquirent les différentes concessions ci-après.
La plus importante concession, celle de Sarlt-lez-Moulin, fut définitivement concédée sous Napoléon 1er,
par décret impérial du 8 vendémiaire an XIV (30 septembre 1805) et reçut une extension par arrête royal
du 8 février 1846.
Cette première société se fonda en 1828 mais ce n’est qu’en 1831 qu’elle commença les travaux préparatoires.
Une galerie d’écoulement partant du ruisseau des Claires-Fontaines et se dirigeant au couchant dans la montagne, constitua la première entreprise avant le creusement de puits spéciaux pour l’extraction du charbon.
Ce travail fut suivi de l’établissement successif des sièges d’extraction n° 1, n° 2 et n° 3 et de toutes les installations
complémentaires pour le transport et l’embarquement des produits.

La concession de Wiancourt et Grippelotte fut accordée aux concessionnaires de Sart-Iez-Moulin, sur demande
présentée à la Préfecture du département de Jemappes le 30 décembre 1805.
On extrayait du charbon sur la concession de Wiancourt et Grippelotte presqu’un siècle avant l’entreprise
des premiers travaux sur la concession de Sart-lez-Moulin ; mais ces exploitations se pratiquaient à une faible profondeur
et suivant les prescriptions stipulées dans les congés.
Ainsi le congé pour l’exploitation dans la juridiction de Hamal à Courcelles fut accordée le 12 février 1751 par Monsieur l’Abbé de Bonne-Espérance de qui dépendait cette terre.
La concession du Trieu-des-Agneaux, située le long de la limite sud de la précédente, a été, comme elle, exploitée superficiellement en vertu de congés.
S’appuyant sur un octroi de concession date du 26 octobre 1774, accorde par le marquis de Chasteler, un sieur P.-J. Lemaitre, propriétaire à Courcelles demanda, le 27 février 1817, la maintenue de la concession du Trieu-des-Agneaux.
Un arrêté royal date du 31 mars 1945 accorda cette maintenue.
La concession du Trieu de la Motte, située plus au nord, fut exploitée d’abord au niveau des galeries d’écoulement
en vertu de congés accordés à divers ouvriers charbonniers.
Le plus ancien de ces congés remonte à 1759; il fut donné le 31 août à J.-B. Bouillon, bourgeois et manant de la terre, seigneurie et marquisat de Courcelles «lequel avait trouvé dans son héritage joignant la rue de Reguignies
et au chemin allant à l’église de Courcelles, une veine de teroulle et apparence de charbon ; il pria M. le marquis
de Courcelles, Seigneur de Carnières, conseiller d’Etat de l’Impératrice et Reine et président en son Conseil Souverain
du Hainaut, a lui vouloir accorder congé de travailler le dit charbon, et autres veines qui pourraient passer
sous son héritage. »

En 1853, une société se forma pour réunir ces diverses concessions dans un ensemble de 1.104 Ha.
Elle fut constituée sous le titre de S. A. des Charbonnages du Nord de Charleroi et ses statuts furent approuvés
par arrêté royal du 16 novembre 1853.
Elle établit son siège à Sart-lez-Moulin (commune de Courcelles).
La nouvelle société développa les moyens de production en enfonçant les puits n° 4 et n° 5 et, plus tard, en ouvrant
sur la commune de Souvret l’important siège d’extraction n° 6 qui porte le nom de Joseph Périeur, en souvenir
du Président du Conseil d’Administration.
Lors de la fusion avec Monceau-Fontaine, en 1948, les sièges n° 3 et n° 6 restaient en activité.
Nous voici donc arrivés en 1954 et à la fin de notre histoire.
Nous espérons qu’elle vous aura plu et que vous y aurez découvert certaines petites particularités propres au coin
qui vous intéresse spécialement. Rappelons qu’actuellement, la S. A. des Charbonnages de Monceau-Fontaine exploite
une concession d’une superficie de 7.260 Ha s’étendant sous 25 localités.
La production est assurée par 12 sièges: le n° 17 à Piéton, les n° 8 et 10 à Forchies, le n° 3 à Courcelles, le n° 6
à Souvret, le n° 14 à Goutroux, le n° 4 à Monceau, les n° 18 et 19 à Marchienne, le n° 23 à Marcinelle et les n° 24
et 25 à Couillet.
La distance, à vol d’oiseau, entre les 2 sièges extrêmes (le n° 17 et le n° 24) est de 16 km.
Trois sièges ont des travaux a une profondeur de plus de 1.200 m; plusieurs autres exploitent des chantiers entre
800 et 1.000 mètres.
Les installations du surface sont concentrées: le Bureau Central à Monceau-sur-Sambre, la Centrale électrique
à Marchienne, l’Atelier Central à Forchies et trois Triages-Lavoirs centraux (Monceau, Marcinelle et Courcelles).
Maintenant que notre note historique est terminée, c’est de ces installations actuelles que nous vous parlerons
dans nos prochains articles.
En terminant, citons quelques chiffres. Pour l’année 1953, la production totale de notre société a été de
1.752.000 tonnes nettes, soit 501.000 tonnes de charbon maigre et 1.251.000 tonnes de charbon demi-gras.
Dans ses usines d’agglomérés, il a été fabriqué 159.000 tonnes de briquettes et 92.000 tonnes de boulets.
Quant à sa Centrale électrique, elle a produit pendant le même exercice 166.800.000 kwh.
Notons également que ses installations de captage de grisou ont extrait et refoulé dans le réseau de Distrigaz
9.400.000 m/normaux de grisou a 8.500 calories.

COLINET
Ingénieur.

Voici un autre article recopié pour vous et paru dans la presse.

Les conséquences de l’arrêt du siège N°10
à Forchies

Les installations du siège n°10, Forchies, avaient été modernisées, il y a quelques années.
Deux nouvelles machines d’extraction de 2.700 CV chacune avaient été installées, la station de compression avait été équipée d’unités nouvelles et la capacité de production du siège accrue.
Alors que ces transformations étaient toutes récentes, notre Société a dû se résoudre à fermer le siège, le 18 septembre 1958, par suite de l’ampleur de la crise subie par l’industrie charbonnière belge.
1959 a été la première année d’inactivité complète du n°10 et l’on peut mesurer, présentement, les conséquences
d’une décision prise à contre-coeur sans doute, mais qui était inéluctable, étant donné les difficultés d’écoulement
du charbon maigre et de granulométrie défavorable que l’on extrayait à ce siège.

 

 

 

Les salaires perdus par les travailleurs en 1959 peuvent être évalués à plus de 70 millions de francs. En outre, la Commune de Forchies, la Province
du Hainaut et l’Etat ont vu leurs rentrées fiscales diminuer de façon non négligeable.
Si l’on tient compte de la contribution foncière,
de la taxe sur le personnel occupé et de la taxe
sur la force motrice, la perte
pour la Commune de Forchies s’élève à 723.333 F ; pour la Province à 206.990 F et pour l’Etat (contribution foncière uniquement), à 94.552 F ;
soit au total plus d’un million de francs
pour une année.

 

 

 

Enfin, on peut estimer à 4.788.126 F le montant de la taxe professionnelle qui n’a pu être perçu, par l’Etat également,
en 1959.
Pour Forchies, la perte est particulièrement sensible. Non seulement, la diminution des rentrées d’impôts est de nature
à entraver les travaux communaux mais, en outre, c’est tout le commerce local qui subi les conséquences
des pertes de salaires résultant de l’inactivité du siège n°10.

Signé H.V.

           

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 5