FONTAINOISES – AMERICAINES

AVIS DE RECHERCHE…
WANTED…
AMERICAINES –
FONTAINOISES
(1945-1946)

Par Michel Mairiaux

La Libération a été le sujet de beaucoup de commentaires historiques : la résistance, la délivrance, l’épuration, l’humiliation des femmes coupables…
On a très rarement évoqué le destin de ces jeunes filles qui épousèrent des soldats américains dans des lieux
de cantonnements ou d’activités de l’armée américaine, souvent à l’arrière du front.
Ce fut le cas de fontainoises, leernoises et filamarchoises qui en épousant des GI’S s’expatrièrent en majorité
aux Etats-Unis.
Cette vague de mariages fut conséquente – une vingtaine – dans notre entité, si l’on tient compte du laps de temps, assez court, du séjour de ces soldats dans notre ville, du 23 décembre 1944 jusqu’ à mi-mai 1945, soit approximativement 6 mois.
Les soldats logeaient dans les écoles de Fontaine, au boulevard du Nord, à la Justice de Paix, quelques-uns brièvement
au château Bivort mais encore dans les entrepôts industriels au Hanois et à la Ruelle aux Loups, sans oublier leurs camps (tentes et véhicules) établis au bas d’Henrichamps, à la route de Forchies et à Leernes, rue de la Forêt au lieu-dit la Plagne (à la Laide terre exactement), où se trouvaient tous les soldats noirs car l’apartheid était manifeste. « Je me souviens, nous dit William Van assche, nous allions au camp de la Plagne, nous étions impressionnés par les soldats noirs.
Nous quémandions des chewing-gums, mais pour le chocolat, les soldats nous demandaient si nous avions une grande sœur…
J’avais dix ans, nous dit encore Simone Cordemans, nous allions avec les enfants de notre âge au camp américain,
il s’en passait des choses dans les fossés aux abords du camp avec les jeunes filles et les femmes, pour nous c’était
une curiosité ».
Le mot flirt se répandait comme une traînée de poudre.
Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il n’y avait pas des liaisons sérieuses en train de se nouer.
Le phénomène des mariages rapides peut s’expliquer par la libération d’une jeunesse enfin délivrée de l’oppression
qui avait cadenassé les plus belles années de leur vie et qui voulait enfin jouir d’autres horizons.
Ces jeunes filles dans l’allégresse de la liberté retrouvée, prolongeaient une sorte de rêve dans lequel se mêlaient l’amour et l’aventure voire l’espérance d’un nouvel Éden.
Le GI représentait non seulement le libérateur mais aussi le prince charmant, resplendissant de vigueur, fringant
dans son uniforme, jeune homme prodigue distribuant à souhait et largement toutes sortes de gâteries
ce dont les familles avaient été privées.
Pour les jeunes gens c’était différent, ils avaient subi les rafles, les couvre-feux ; ils n’étaient pas toujours emballés,
la jalousie les attisait quand ils voyaient filer sous leur nez, les filles du terroir.
Celles-ci étaient parfois invitées à des party roses qui se terminaient par des baignades osées dans la Sambre
où évidemment ils n’étaient pas conviés.
Ce fut le cas au château Tirou, rue de Leernes à Landelies, résidence d’état-major du Colonel Léonne, célibataire, commandant notre région et qui s’était rendu sympathique dans bien des cas en aidant des familles dans le besoin.
Les Américains organisaient des bals à l’Hôtel de ville de Fontaine, réservés uniquement aux jeunes filles
et femmes et où- c’était clair- les hommes du cru étaient interdits d’entrée.
Le dancing du Petit Lac, le seul dans la région à cette époque, a joué aussi pleinement son rôle de lieu de rencontres,
on y swinguait sur des airs de jazz et on dansait sur l’air de chansons françaises tout à fait à la mode : «Quand allons-nous nous marier de Georges Ulmer, Mam’zelle chewing-gum d’Andrex ou Oh!La! La! de Jacques Pills.
Les jeunes filles qui se débrouillaient en anglais avaient aussi l’avantage, mais gardons-nous de généraliser, chaque couple en formation eut sans doute sa « petite histoire sentimentale » au destin bien particulier ce sera parfois éloigné du conte de fée, parfois empreint d’une belle réussite.
De la présentation d’un des rares livres traitant de ce sujet Des amours de gi’s; les petites fiancées du débarquement (1) nous extrayons ces lignes qui pourraient s’appliquer à nos wallonnes : « Entre ces jeunes hommes joyeux, image même de l’opulence et de la santé, porteurs de liberté, et les femmes françaises, des contacts, voire des unions, ne pouvaient manquer de se nouer.
Cette fraternisation s’est heurtée à des obstacles.
D’abord, la désapprobation, assez courante, des familles, dans le contexte d’une société aux valeurs rigides.
L’opinion américaine, en outre, s’inquiétait de l’influence sur ses boys des Françaises frivoles et coquettes, les hoo-la-la ! (expression héritée de la guerre 14-18).
Ensuite, les efforts contraires de l’armée américaine. Ils avaient pour origine un souci d’hygiène sociale, on craignait notamment la montée de la prostitution et des maladies vénériennes(2) et des préoccupations plus terre-à-terre :
une ware bride (épouse de GI) se voyait octroyer immédiatement la nationalité américaine, plus le droit au rapatriement aux frais du gouvernement américain, une pension de veuvage en cas de décès de son mari, etc. …
Quittant une France ruinée et étriquée, elles ont connu un véritable choc culturel, découvrant une société opulente et ouverte, mais aussi matérialiste et marquée par la ségrégation raciale ». More Marriages This Week (Encore plus de mariages cette semaine) titrait la revue locale des soldats, intitulée Scars & Gripes éditée par l’imprimeur fontainois Omer Robert…(3)
Ces mariages, s’ils n’étaient pas amorcés, se terminèrent brusquement avec les premiers rapatriements ou déplacements des unités de l’armée américaine.
Notre enquête n’a d’autre but que d’essayer de répondre à la question : « Mais que sont donc devenues nos américaines? » car elles ont inscrit une page jamais évoquée de notre histoire locale.
Pour ce faire, nous avons dû avoir recours aux registres paroissiaux de 1945-1946 et de l’état civil, mais aussi à la mémoire collective qui n’est pas exempte d’interprétations diverses et d’oublis profonds après 68 ans…
Nous avons dû entreprendre de multiples démarches et « pister » durant de nombreux mois, avec patience, le moindre détail qui nous menait jusqu’aux témoignages de première main, parfois avec succès mais aussi avec des échecs.
Faisons d’abord une remarque en prenant le type d’une demoiselle de 22 ans qui s’est mariée en 1945.
Elle aurait aujourd’hui 90 ans, c’est-à-dire que beaucoup sont décédées.
Certaines n’ont plus donné signe de vie, ou ont donné épisodiquement de leurs nouvelles, d’autres sont revenues une ou plusieurs fois revoir leur famille et connaissances, plusieurs sont rentrées au pays et un couple est revenu vivre à Fontaine et un autre à Forchies-la-Marche mais encore quelques-unes n’ont pas voulu ou pas pu passer la ligne du départ.
Nous ne parlerons pas de ces dernières. Voici en tous cas ce que nous avons pu recueillir en précisant que des couples ne se sont pas mariés dans nos communes, c’était pourtant une garantie à tout point de vue pour entrer aux pays de l’Oncle Sam, mais cela démontrait bien qu’à la témérité de nos jeunes filles s’ajoutait l’euphorie incontrôlable de l’amour.
Faut-il encore ajouter la correction de l’armée américaine qui prit en charge le voyage des candidates au mariage et à l’émigration féminine (d’ailleurs encouragée par leur gouvernement), en les laissant embarquer sur les vaisseaux militaires où elles furent respectées.

– Gisèle Argot, une seule personne semble avoir reconnu la mariée.
Gisèle aurait habité rue des Combattants à Fontaine-l’Evêque.
Elle a épousé à Fontaine-l’Evêque le soldat Vedrio Incarnación, né à Caliente dans le Nevada, résidant en Californie,
le 15 juin 1946.
Le couple a quitté la Belgique le 11 septembre 1946.
Elle était l’amie de Suzanne Baele et de Georgette Beumier qui fréquentaient le dancing du Petit Lac.
Son frère avait été tué au combat du terril. Aucun autre renseignement à ce jour.

Mariage de Gisèle Argot et de Incarnación Vedrio.
On reconnaît à gauche, le couple Keenan-Baele et à l’avant plan les parents de la mariée,
à droite le couple Betsen-Beumier et un autre couple inconnu
(photo de Doris Keenan).

Menu de mariage de Gisèle Argot et de Carney
– sans doute un diminutif américanisé de Incarnación
(doc. Doris Keenan)

– Georgette Beumier, infirmière, née à Fontaine-l’Evêque le 3.09.1924, a épousé Stanley Bentsen , n° 32 723.840 ; 3002 nd Ord.Bd Company, 140 th Ord Bam Bn. Dépôt 0 .692, AP. 0228 US Army, né le 23.09.1922 domicilié à Brooklyn New-York (originaire de Mandal, Norvège) mariée à l’église Saint-Vaast le 1er septembre 1945.
Le témoin du marié était le soldat Di Tullio Americo domicilié à Lynn (Massachussets), parent du marié.
N’a pas travaillé beaucoup de sa profession aux USA, son époux gagnant bien sa vie.
Est revenue régulièrement à Fontaine-l’Evêque.
Elle a malheureusement perdu tous ses enfants en couche.
Son père Charles l’a rejointe et est décédé inopinément auprès d’elle (son corps fut rapatrié).
Elle est restée en contact avec ses frères.
Aujourd’hui veuve, Georgette Beumier habite à Hauppauge, un village sur une île à 30 km au large de New-York.
Elle n’a pas oublié son français et est toujours en contact avec son frère Georges, qui habite Goutroux.

Mariage de Georgette Beumier, reportage paru dans la revue Scars & Gripes
(doc. Yves Robert).


Georgette Beumier et Stan Bentsen (photo Doris Keenan)

– Suzanne Baele, née à Fontaine-l’Evêque le 2.02.1925 a épousé John D. Keenan, D3 technicien n° 32. 950729 3.015 th Ord.Bam Company 140 th ord Bam Bn. Dépôt 0692 AP. 228 Us Army 312 th. Company domicilié à Hammonton New Jersey, né à Blue Anchor le 18.09.1924.
Témoins du soldat, ses amis Young Stanley et Stephen Zipo de l’armée US.
Ils embarquent vers les USA à Bremenhaven (Allemagne, estuaire de l’Elbe).
Après un séjour de cinq ans aux USA, ils revinrent habiter Fontaine-l’Evêque car le père de Suzanne était venu
les rejoindre au décès de son épouse mais ne sut s’adapter.
Leur fille Doris est née à Fontaine-l’Evêque. John Keenan est décédé en 1974 et repose au cimetière de Fontaine-l’Evêque près de la pelouse d’honneur.
Doris, leur fille, habite actuellement Leernes.
Elle a conservé sa nationalité américaine.

Mariage de Suzanne Baele (dite Susan Bailli par les Américains) avec John Keenan
(photo Doris Keenan).


Article de Scars & Gripes
(doc. Yves Robert).

On remarquera sur cette photo le petit garçon en costume de GI.
Il s’agit de Willy Van Houtte qui habite à Haine-Saint-Pierre actuellement
mais qui s’implique encore dans les gilles de Fontaine avec son frère.
Il figure sur plusieurs photos de mariage. La petite fille n’a pu être identifiée.
(photo Doris Keenan)

– Madeleine Callens, dactylo, née à Fontaine-l’Evêque le 21.03.1926, y a épousé le 26.11.1945 Mac Cullough Clarence, technicien 3. n°15334 020.30270. B.A.M. Company ; 143 rd O.B.A.M.Bn. Us Army AP.0350 domicilié à Wecling West Virginie, né à Daviers County le 24 .08.1923. A quitté Fontaine-l’Evêque le 11.09.1946. Sans nouvelles.

– Raymonde Declève, née à Fontaine-l’Evêque le 15.04.1927, petite-fille de Marie Blairon-Vital, sa grand-mère,
qui tenait le Café du Nord au Pétria, a épousé le 24.12.1945, Attilio Vincent James , 5e technicien n° 32923 827.140 th Ord .Bam. Bn. Dépôt 0692 .AP. D 562 Us Army né à New York le 30 mars 1925.
Bon joueur de trompette, témoin Henri Esmanne. S’est divorcée et remariée aux Etats-Unis puis est rentrée seule
en Belgique avec ses enfants Marcel et Rita.
Raymonde est décédée.

Mariage de Raymonde Declève et de Vincent Attilio.
On reconnaît de nouveau W. Van Houtte, la petite fille est une Blairon
(photo Marc Polain).

Raymonde Declève et ses valises le jour de son départ,
devant le café du Nord au Pétria.

– Berthe Delhaye, qui tenait avec sa sœur le café du Tourlourou route d’Aulne à Leernes a épousé un soldat américain coutumier de l’endroit. Sans nouvelles.

– Fernande Delmarcelle (dite Nandy), née à Leernes le 7 juin 1925. A épousé à l’âge de 22 ans, Léonard (Len) Dvorak en 1947.
Elle vécut à Cleveland (Ohio), à New Smyrna Beach, en Floride puis, au bord du Lac Avon (1965).
Est revenue dans sa famille chez Jean-Baptiste Delmarcelle au Long-des-Bois à Leernes en 1980.
Elle eut trois enfants : Lenny, Karen et Nadine qui donnent de leurs nouvelles par internet.
En 1999, elle revient une dernière fois retrouver son amie Jeanne Lys, qui était originaire de Fontaine-l’Evêque, mais partie habiter à Chassepierre et l’a invitée aux USA.
Celle-ci en effet avait lancé un avis de recherche par l’intermédiaire de la revue Notre Temps.
Elle est malheureusement décédée le 30 octobre 2001 et son époux le 19 avril 2002.

Article paru dans la revue Notre Temps en août 1999 après l’heureux résultat de l’avis de recherche
de Fernande Delmarcelle par son amie d’enfance Jeanne Lys.

– Yvonne Deltenre, née à Forchies-la-Marche le 18 novembre 1922. A épousé Sam(uel) Clymer, né le 24 août 1918, (321) 253-4763.
Ils ont eu 4 enfants : Sam(uel) en 1946, Martha en 1950, Daniel en 1954 et Lisette en 1961.
Ils vivent encore en Floride (3893 Beachgrove Rd Melbourne FL Florida 32934).
Remarquons que ses enfants portent tous des prénoms francophones.
Nous avons pu, grâce à une correspondante américaine, avoir des renseignements sur Sam Clymer qui fut décoré
à la Caserne de gendarmerie de Charleroi de la Purple Heart.
Elle a 91 ans et son mari en a 95.

Yvonne et Sam Clymer sont à gauche de la photo, lors d’un pique-nique familial en 1994
(photo communiquée par Donna Basinger à Georges Rovillard).
Donna est la sœur de l’actrice américaine Kim Basinger rendue célèbre par le film 9 semaines ½ (1986).

 

 

 

« Je suis décoré de la médaille du Purple Heart
sur cette photo pour les hommes blessés
dans la Bataille de Belgique.

Décembre 1944.»

 

 

Sam Clymer Charleroi, Belgium, 1944.
Cérémonie de la décoration de Sam Clymer à la Caserne de gendarmerie de Charleroi.
La photo était erronément datée de 1949.
La silhouette de la molette du Charbonnage doit être celle du Mambourg ou de Saint-Charles.

– Denise, Simonne Delval, née à Forchies-la-Marche le 16 juillet 1919, fille majeure de Jules Delval, employé
et d’Emilie Duez, gérante du magasin CGA, rue de Nivelles.
Domiciliée en cette commune, professeur de français au lycée de Morlanwelz, dispensait ses cours à des soldats américains et servait d’interprète.
Elle a épousé le 7 octobre 1945, le soldat Russel Campbell Coombs, sergent de l’armée américaine matricule n°11051512 né à Halbour, Maine, fils majeur de Charles Harold et de son épouse Hounie(?) Campbell domiciliés à Brockson, Amérique du Nord, témoin Denise Bouillet de Bourthon, cousine et Robert Slockbouwe, soldat de Kenvil.
Ils partirent vers Boston.
Leur fils Pierre Russel fit ses études à Heidelberg en Allemagne, puis trois ans à Paris et rejoignit Boston.
La mère de Denise, Emilie Duez, au décès de son mari Jules, est partie aux USA rejoindre sa fille.
Depuis plus de nouvelles.

– Léonce Demeulemeester, qui habitait à Leernes rue d’Havay, née à Leernes le 26 mai 1922, fille de Léon, décédé, et de Marthe Fosset.
Mariés en l’église de Leernes.
Selon le registre paroissial, Léonce a épousé le 2 février 1946, Robert Fancher, originaire de Dover ; New Jersey, né
le 8 mai 1924, fils de Robert Fancher et Anna Hermann, baptisé en l’église Ste Marie, évêché de Paterson, et les témoins soussignés, témoins connaissant à la fois l’anglais et le français (Soeur Marie Théodore et Sœur Mathilde de la Croix, Vandendacke Marcel et Rickand E.).
Elle est décédée très jeune aux USA des suites d’une maladie incurable et eut d’émouvantes funérailles.

– Germaine Fol, née à Asselbrouck le 13 septembre 1922, fille d’Alfred Fol, mineur et de Martha , H… Gewerk, ménagère (parents originaires des environs de Bruges venus travailler au charbonnage), habitant au Petit-Mouligneau.
Germaine Adélaïde, Bertha Fol, exerçait à Manage, la profession de tailleuse [en verre].
Elle connaît un soldat américain en allant danser au Petit Lac à Fontaine, celui-ci venait voir Germaine en jeep.
Ils se marient à Forchies le 30 juillet 1945.
Ce soldat s’appelait, Michel Suty, matricule 36 00 91 95, célibataire né à Seranton, Pennsylvanie le 3 octobre 1915, domicilié à Chicago, fils de Basil Suty et de Maria Dzangau.
Mécanicien à l’atelier de Fontaine-l’Evêque, soldat très gentil et parlant bien le français après quelques mois.
Rapatrié aux USA pour être démobilisé, elle le rejoint par avion le 17 novembre 1945, toute euphorique, nous raconte
sa sœur, alors que la famille était plutôt inquiète.
Le couple s’installe à Chicago où son mari travaille dans une entreprise automobile.
Deux enfants vont naître : Robert dit Bobby et Martine.
Germaine est revenue plusieurs fois et leur fils Robert âgé de 24 ans est venu 6 mois à Forchies
où il s’est tellement bien plus qu’il ne voulait plus retourner.
Germaine est décédée.
Sa sœur Junie, habite toujours Forchies ainsi que son frère Arthur.

Photo de Germaine Fol et de Michel Suty prise à Forchies-la-Marche
(photo Junie Fol).

– Adrienne Guillery, née à Carnières en mai 1923, fille d’Etienne Guillery-Demoustier, professeur de dessin
à l’Ecole moyenne de Fontaine-l’Evêque et de Marchienne-au-Pont, artiste peintre, habitant Leernes.
Anglophiles, la mère et leur fille secrétaire sténo-dactylo, parlaient couramment l’anglais.
Adrienne est engagée au bureau du Town Major de Farciennes et y rencontra le soldat d’infanterie, James Samuel Chandler né à Boston en mai 1921.
Les autorités belges avaient demandé aux familles belges d’accueillir le jour de Noël, un ou des soldats américains.
Les Guillery reçurent donc chez eux plusieurs soldats, à l’actuelle rue P. Pastur.
Commence alors une incroyable odyssée. Adrienne tombe follement amoureuse de Samuel.
Une fois l’armistice déclarée, sa compagnie retourne aux USA en avril 45.
Samuel se réengage dans l’armée (et reviendra par la suite en Europe à plusieurs reprises en Hollande et en Allemagne notamment) mais il doit retourner définitivement aux USA. Adrienne a pris alors l’initiative de le rejoindre.
A cette époque, les liaisons transatlantiques sont très longues à partir de la Belgique.
Après avoir tenté de s’embarquer en Allemagne (Hahn), près d’Hambourg, elle apprend que c’est plus facile
de s’embarquer en Suède.
Elle traverse en train le Danemark pour s’embarquer sur un bateau en partance vers New-York, à Götenborg.
Le lendemain de son arrivée à New-york, le couple se marie séance tenante et vécut à Colombus au Missouri (419, Summerhaven Drive, MS 39702-6433).
Ils eurent quatre enfants (trois filles et un garçon).
Adrienne revint plusieurs fois revoir sa famille et reste toujours en contact téléphonique avec elle.
Adrienne est âgée de 89 ans.

 La sœur d’Adrienne Guillery née en 1923, son père Etienne Guillery (1898),
Alain Guillery (1931), sa mère (1896), son frère Albert (1935).
Un soldat américain invité.


Adrienne Guillery et son frère Philippe (1925),
caporal à la Brigade Piron.


Germaine Guillery-Demoustier, James Samuel Chandler, Adrienne Guillery.
Alain et Albert Guillery, à Leernes
(photo Alain Guillery).

– Rita Heyser, née à Forchies-la-Marche en 1919, a épousé le 11.10.1945 Alexandre (Alex) Annarelli, n°32079150 Technicien 5.60 B 846 th Engr. Q Vn, Bn AP.U.126 Us Army, né à Philadephie, Pensylvanie le 26.10.1916, domicilié
à Brighton.
Le couple va s’installer dans le Maryland, leur fils Johnny est mort des suites d’un cancer après avoir participé à la guerre du Vietnam.
Son mari étant décédé, elle vivait avec sa fille Paulette.
Est revenue retrouver son amie Irène Suinen de Forchies et est restée en contact téléphonique avec Reine Lejong,
son amie de Fontaine-l’Evêque, jusque fin janvier 2008.
Elle n’avait pas oublié la rue « du Rempart » (Boulevard du Midi).
Elle est décédée en 2011.

– Yvette Jacob, dotée d’une très jolie voix, elle chantait au théâtre lyrique.
Elle a rencontré au café des Mille colonnes à Charleroi un officier américain veuf qui gérait la Poste et occupait le bureau du Sporting de Charleroi et l’a épousé.
Il s’appelait Hoppe Richard, ils ont résidé d’abord au Colorado, puis à Gary, près du lac Michigan.
Acte de mariage : Jacob Yvette, employée, célibataire née à Leernes, le 15 juillet 1924, résidant en notre ville
[de Fontaine], avant Leernes, fille mineure des conjoints Jacob Charles, Georges, ajusteur consentant par acte reçu
par l’officier de l’état civil de Leernes le 10 juillet écoulé et de Reizer Palmyre Marie, ménagère ci présente et consentante
tous deux résidant à Leernes , tous trois de nationalité française domiciliés de droit en France et Hoppe Richard st Lieutenant 0.1002648, ACD, 157 th Army Postal Unit. APO 157 US Army, né à Calumet, Michigan, le 24 sept. 1913, veuf à Chicago, de Catalano Mary. Mariés le 17 juin 1945, en notre ville et à Leernes, en présence d’Adolphe Liémans dessinateur non parent des contractants domicilié à Leernes et Reid J. Armond st Lieutenant 0.562845 de l’armée américaine non parent des contractants.
Elle a perdu ses deux filles de maladie et son fils dans un accident de chemin de fer.
Yvette est revenue voir régulièrement ses parents à la cité Chavée jusqu’à leurs décès (sa soeur Marie-Thérèse
habite toujours à Leernes).
Veuve, sans nouvelles depuis ses 83 ans.

Mariage d’Yvette Jacob et de Richard Hoppe
(photo Marie-Thérèse Jacob).

– Renée Josse, de la rue Berteaux à Leernes, en face du magasin de cycles de Félix Fontaine a connu un soldat interprète dont on a oublié le nom.
Ils formaient un très beau couple.
Lui mesurait 1m 90 et avait spécialement fait venir d’un pays scandinave, sans doute de Suède, une voiture qui convenait à sa grandeur, pour venir voir sa dulcinée à Leernes.
Lorsque son prétendant partit pour l’Allemagne, Renée le suivit.
Après sa démobilisation, son fiancé occupa plusieurs postes consulaires et finit par devenir ambassadeur à Beyrouth
(Liban), elle, occupera aussi, une fonction à l’Ambassade grâce à sa connaissance du français.
Ils se marièrent à Beyrouth. Renée est revenue plusieurs fois seule chez ses parents et chez ses deux amies de l’Ecole moyenne de Fontaine-l’Evêque qui habitaient dans un café à l’angle de la rue Faucon(n)ier.
Elle a adressé à ses amis voisins la photo de sa fille Jacqueline qui a fait sa première communion à Beyrouth en 1958.
Elle s’arrangeait pour revenir à la ducasse Saint-Quirin pour faire un pas de danse et déguster ce qui lui manquait beaucoup : un sachet de frites avec un cervelas.
Renée est revenue les dernières fois avec son époux lors des décès de ses parents.
Depuis elle n’est plus revenue à Leernes.

Jacqueline, fille de Renée Josse.
Au verso de la photo se trouve le cachet du photographe de Beyrouth
et la date du 6 février 1958
(photo Felix Fontaine).

– Georgette Lagasse, originaire de la rue Forge Ferry à Forchies-la-Marche a épousé un soldat américain.
Partie aux USA avec sa grand-mère. Sans aucune nouvelle

– Marie-Louise Payen, mariée à un soldat américain, habitait rue des Gaux à Fontaine-l’Evêque. Sans aucune nouvelle.

Irène Suinen, rencontre le soldat Dave Polito, fils de Dominique Biaggio Polito qui a quitté Naples à l’âge de 17 ans
pour fuir la misère, marié avec une finlandaise qui avait déjà un garçon.
De cette union vont naître Thérésa et David (1920). Veuf, Dominique élève ses enfants seul.
Il avait construit sa maison 29, Plain Avenue à New Rochelle (New-York).
David est fiancé lorsqu’il est incorporé.
Après avoir achevé son instruction en Angleterre, il fait le débarquement de Normandie en seconde ligne
avec les véhicules puisqu’il est technicien mécanicien.
Il aboutit à Fontaine-l’Evêque en convoyant des prisonniers allemands.
Il rencontre Irène, qui parlait anglais, au « casernement » du Pont du Tonkin.
David doit partir à Reims.
Au cours d’une permission, ils se marient en juin 1945.
David est puni à son retour pour excès de permission.
Apprenant qu’il va rejoindre Marseille pour terminer la guerre contre le Japon, Irène et sa mère décident de le retrouver
à Reims avant son départ.
Après de multiples difficultés, le hasard fait qu’en voyant défiler par la fenêtre du QG de l’armée américaine, où
elles se sont rendues, une troupe de soldats, elle reconnaît un ami de David qu’ Irène avait fréquenté à Fontaine-l’Evêque.
Irène se précipite et le rattrape dans le défilé, le soldat n’en revient pas.
Ce soldat va s’occuper de retrouver et de prévenir David.
Après une nuit passée sur les banquettes de la gare de Reims, ils peuvent se rencontrer le matin, un court moment, avant son départ pour Marseille.
Heureusement la reddition du Japon intervient entre-temps et David rentre à Fontaine.
Avant de se faire démobiliser aux USA, David décide de revenir lui-même par avion rechercher à ses frais sa femme enceinte.
Ils attendent la naissance de Christine qui a lieu le 22 avril 1946 dans l’habitation des grands-parents au Vieux Muret.
Départ pour New-York, via l’Allemagne, mais ils manquent le bateau et reviennent pour partir cette fois en avion.
Arrivée à New Rochelle chez les parents de David (Dominique, veuf, avait épousé entre-temps une italienne).
David travaille avec son père dans une entreprise de jardinage et Irène fait la cuisine chez les clients.
Ils reviennent deux fois en visite en Belgique.
Lors de la deuxième, Irène ne veut plus retourner aux EU (1952).
David, par amour, ne la quitte pas. Ils vont louer une maison à Forchies (205, rue Vandervelde).
David va faire carrière chez l’entreprise des bétons Levy-Parmentier et Irène va tenir une épicerie.
En 1972, David, Irène, et leurs enfants Christine et Olivier vont retourner pour la dernière fois aux EU revoir les parents
de David peu avant leur décès.
David et Irène construiront une maison à Goutroux et leur fille Christine sera institutrice maternelle dans cette commune.

Patrouille de soldats américains dans les rues de Sainte-Mère-l’Eglise dans la Manche près de Cherbourg,
village rendu célèbre par le parachutage de la 82ème division aéroportée bien illustré
dans film « Le jour le plus long » avec l’acteur John Wayne.
Le 5éme soldat est David Polito
(photo Christine Beaurent-Polito).


Mariage d’Irène Suinen et de David Polito
(photo transmise par Francis Rocca).

Photos prise à New Rochelle :
Irène, David et la petite Christine.

– Pauline Vinet, dite Liline, qui habitait rue Demoulin à Leernes dans les petites maisons en retrait, après le Casino,
où ses parents tenaient un petit commerce d’électricité.
Fréquente un soldat américain aisé a-t-on dit.
Après son rapatriement, Pauline tente de le rejoindre aux USA mais grande désillusion, son GI était déjà marié et avait
des enfants.
Pauline reviendra peu de temps après pour marier un jeune homme de la rue Berteaux.
Ils vont quitter Leernes.
Pauline est revenue il y a quelques années pour fleurir la tombe de ses parents inhumés au cimetière de Leernes.

– Maria Van Assche, originaire de Marchienne-Docherie, mais propre cousine des Van Assche de Leernes.
Elle a 18 ans lorsqu’elle rencontre le sergent Cadena, d’origine indienne, qui a déjà participé aux campagnes de Sicile
et de Normandie et qui après Bastogne était au repos dans le camp installé dans le parc de Monceau.
Ils se rencontrent à Marchienne-au-Pont et de suite il déclare qu’il voulait marier la blonde jeune fille.
Il part de nouveau participer aux combats sur le Rhin. Maria, enceinte, a promis qu’elle l’attendrait.
A son retour, ils se marient à Marchienne.
De leur union nait le petit Jessy.
Mais le sergent Cadena est rapatrié aux Etats-Unis avec son unité.
Maria et son bébé vont bénéficier plus tard d’un transport de troupes, elle sera la seule passagère féminine sur le bateau.
La traversée se passe très bien et le sergent Cadena l’attend au débarcadère.
Maria aura un second fils, Ben. Jessy fera la guerre du Vietnam dont il tient quelques séquelles.
Ben, lui, fera ses études à la réputée école militaire de West Point et servira sur le porte-avion Indépendance.
Maria rencontrera à San Antonio, Texas, où elle vit, les Gilles de la Louvière en tournée aux USA.
Elle est revenue deux fois seule, revoir sa famille de Leernes (dernière fois en 1973, retour en avion emportant « un boa » porte-pots de fleurs ainsi dénommé).
Elle est décédée.
Contact possible avec son fils Ben sur internet (SMS, Hicks Ave, San Antonio TX 78213).

Mariage de Maria Van Assche et du sergent Cadena
(Photo William Van Assche).

Maria (toute blonde) à son retour dans la famille à Wespes et à Leernes-Centre
(Photo William Van Assche).

– Jeannine Van Kerckhoven, une leernoise née à Wespes en 1928 qui habitait rue Berteaux, à l’ancienne brasserie Mary, a rencontré Tony (ou Toni) Petrella, un officier américain d’origine italienne qui revendait des roues
de voitures de l’armée aux fermiers locaux pour aider ses parents.
Grand et fort gaillard, surnommé par les leernois « le cow boy », et qui apportait des chewing-gums aux enfants
de l’école.
Jeannine a connu Tony à Marchienne à l’ancien garage Peugeot, face à Sainte-Rita, qui à ce moment était un logement pour soldats et où sa mère faisait le ménage.
Elle a pris le bateau au Havre (France), âgée de 17 ans, conduite par ses parents, pour rejoindre Tony, après
une traversée de 15 jours, et se marier là-bas.
Elle vit à Cleveland dans l’Ohio.
Son mari Tony y est vendeur de clôtures et elle trouve de l’emploi dans une usine de fabrication de computers.
Au décès de Tony, elle revint travailler 1 an en Belgique à Zaventem pour sa firme.
Sa mère Marie Israël est partie la rejoindre à Cleveland, à l’âge de 62 ans et y est décédée.
Octogénaire, Jeannine est toujours en pleine forme.
Aimant les thé-dansant, s’est remise en ménage après le décès de Tony.
Elle a eu deux fils, Tony comme son père, dit « Boutchi », décédé, et Pierre qui a 2 enfants.
Elle est revenue de nombreuses fois et sa famille lui a rendu visite également.
Elle n’a pas oublié son wallon et le chicon au gratin.
Elle est toujours en contact téléphonique ainsi que par Facebook avec sa famille fontainoise.

Jeannine Van Kerckhoven (qui n’est pas parente avec Noël Van Kerckhoven du même nom)
avec son compagnon à Cleveland
(photo transmise par Denis Van Kerckhoven, Librairie du Pétria).

– Adelina Veragten, native de Goutroux au 30 octobre 1924, fille de Fidélis et Germaine Van Laere, mais résidant
rue des Gaux à Fontaine.
A épousé le 10 novembre 1945 en l’église Saint-Christophe John C. Arpin, natif de St Alban, Vermont, fils de Joseph
et Cara King. Témoins : Paul Lapenas et Joseph Dipiazza. Sans nouvelles.

Extrait du registre des mariages de la paroisse Saint-Christophe.

Sur ces dernières photos figure un couple inconnu qui assistait au mariage de l’énigmatique Gisèle Argot.
Etait-ce une demoiselle d’honneur, un mariage ou un flirt?
La porte reste ouverte à tout renseignement.

Wanted !

De même, plusieurs jeunes filles fontainoises se sont retrouvées enceintes des œuvres de soldats américains et
n’ont pas pu ou voulu s’expatrier.
D’abord par discrétion et ensuite parce qu’il n’y a pas eu mariage, nous n’avons pas abordé ces faits.
Enfin, nous signalerons toutefois le cas de Robert Baudoux, né le 3 février 1946 à Fontaine-l’Evêque d’un père soldat américain, mais sa mère Emilia Georgette Baudoux ne fit pas le grand voyage.
Le soldat américain n’oublia pas cependant, jusqu’à sa mort, son enfant « Bob ».
C’était tout de même une attitude sincère à signaler.

Conclusion :

Nous constatons que « nos américaines », du moins sur base des renseignements recueillis, n’oubliaient pas
leurs attaches familiales du moins du temps du vivant de leurs parents.
Lors de leur retour au pays, elles en profitaient pour retrouver leurs amies d’écoles ou leurs voisins.
Elles avaient gardé une certaine nostalgie de ce qui nous caractérise : les frites, la bière, les chicons, etc.
La langue maternelle ne fut pas perdue…
Elles revenaient généralement seules car les frais du voyage étaient coûteux.
En grande majorité, il n’y a plus eu de retrouvailles après le décès de leurs parents.
Trois sur vingt sont rentrées définitivement au pays dont deux avec leur époux.
Nous avons peu de renseignements sur leurs occupations Outre-Atlantique.
Il y a probablement eu des divorces et des remariages comme dans toute société.
A de rares exceptions, les contacts vont finir par disparaître, seuls les descendants qui s’intéressent à la généalogie ou simplement à l’origine familiale se souviendront peut-être que leur grand-mère ou arrière-grand-mère était une walloon belgian.
C’est avec plaisir que nous convions nos lecteurs à participer à des compléments d’informations que le CHAF publiera.

Notes et références.

(1) Hilary Kaiser, Des amours de GI’s; les petites fiancées du débarquement, Ed. Tallandier, Paris, France, 2010.
Lire aussi de Patrick Buisson, 1940-1945 années érotiques, Albin Michel, Paris, 2010.
(2) Suite à des milliers de viols perpétrés en Angleterre, en France et en Allemagne, (rudement mais inégalement réprimés- jusque la pendaison- surtout lorsqu’il s’il s’agissait de Noirs), les soldats américains recevaient
des préservatifs en quantité qu’ils distribuaient parfois à nos jeunes gens, ce qui ajoutait un peu plus d’amertume à leur frustration.
D’après une statistique française récente, 6.500 françaises se sont expatriées, près de la moitié
se seraient divorcées et 150 seulement seraient rentrées au pays.
(3) Notre ami Yves, fils d’Omer Robert, nous a confié des renseignements intéressants sur la revue Scars & Gripes éditée à Fontaine : « Scars and Gripes est formé sur Stars and Stripes (étoiles et rayures), nom du drapeau américain : le titre de la revue peut se traduire par Balafres et Coliques (maux de ventre), mal qu’ils se donnent
pour leur participation à la guerre ou maux infligés à l’ennemi sans doute.
[L’inscription en devise] To hint : insinuer, to hint at something : faire allusion à quelque chose ; le reste n’est pas Well print (apostrophe oubliée), c’est We’ll print (we will print, nous imprimerons ).
On pourrait traduire « Vous en parlez…nous l’imprimons ! »[Et de préciser] La forme du futur pour la première personne du singulier et celle du pluriel est shall, will pour les autres personnes. Will, je crois, peut toutefois s’utiliser au lieu de shall à ces deux premières personnes pour marquer une certitude future ; d’autre part, je pense que les Américains ont tôt simplifié la conjugaison en utilisant will pour toutes les personnes d’autant que la prononciation agglutine la finale de will au pronom we. Jean-Charles Ducene, professeur à l’ULB et membre du CHAF a par ailleurs confirmé cette annotation.
(4) La médaille Purple Heart (de l’anglais : cœur pourpre) est une décoration américaine décernée au nom
du Président des Etats-Unis, accordée selon certains critères aux personnes blessées ou tuées au service de l’armée américaine après le 5 avril 1917.
Elle porte le portrait de profil du général Georges Washington et à l’envers, la mention gravée For military merit.
Le ruban a 3 bandes (blanc, violet, blanc).
Cette distinction est toujours décernée aujourd’hui en Afghanistan.

Remerciements, pour leur aimable collaboration à : Nathalie Delmarcelle (Monceau-sur-Sambre) ; Alain Guillery (Landelies) ; Marie-Thérèse Jacob (Leernes) ; Reine Lejong (Fontaine-l’ Evêque) ; Marc Polain (Fontaine-l’Evêque) ;
feu Marcel Foubert (Leernes) ; Robert et Yvette Foubert (Leernes) ; Alice Parfondry (Charleroi) ; Georges Rovillard
(Forchies-la-Marche) ; Renée Marion et Noël Van kerckhoven (Leernes) ; Nicole Blauwaert et William Van Asche (Leernes) ; Francis Rocca (Forchies) ; Lucienne Berghmans (Forchies) ; Félix et Simone Fontaine (Leernes) ; Robert
et Denis Van Kerchkoven-Baugnies (Fontaine- l’Evêque) ; Junie Fol (Forchies) ; Jeannine Fontignies (Fontaine-l’Evêque) ; Georges Beumier (Goutroux) ; Christine Beaurent-Polito (Goutroux) ; Doris Keenan (Leernes) ; Raymonde Dehont-Jamin (Leernes) ; Marie-Madeleine Ducène (Fontaine-l’Evêque) ; Donna Basinger (Anchorage, AK 99516, US).
Le doyen Sales et ses bénévoles pour les registres paroissiaux, le service de l’état civil de la ville, l’aide bureautique
de la Maison de la laïcité.

Michel Mairiaux

AVIS DE RECHERCHE…
WANTED…
AMERICAINES FONTAINOISES
(1945-1946)

(Suite)

 

Les lecteurs de notre revue ont été très attentifs au juger des réactions positives que nous avons reçues, celles-ci
nous permettent non seulement de corriger certaines erreurs mais encore d’apporter des compléments d’informations
très appréciables pour la fiabilité de cette recherche d’histoire locale contemporaine.
Retour donc à l’article de la revue du CHAF n° 26, mai 2012 et reprenons par ordre alphabétique la liste
de nos « américaines ».
Gisèle Argot. Elle n’habitait pas rue des Combattants mais bien place des Gaulx, à côté d’une marchande de moutarde, nous dit Christian Caudron (né à Fontaine l’Évêque en 1931) ainsi que L.D et M-J.R. (qui ont souhaité garder l’anonymat et qui habitaient rue des Gaulx), ce qui s’avère exact, bien qu’elle se rendait souvent chez des amis, rue Henrichamps d’où le quiproquo.
Mais revenons à la photo de la page 3.


C’est bien le mariage de Gisèle Argot. Lucienne Pierlot (née à Piéton en 1937) habitant rue Croix Favresse à l’époque, aujourd’hui résidant à Montigny- le-Tilleul nous précise :
« La jeune fille assise, juste à côté de la mariée est la sœur de Gisèle, Gilberte Argot (née le 15.5.1924) qui a épousé Charles Hovinne de Mouscron.
Ils ont eu 3 enfants. Elle est veuve et habite toujours dans cette ville. »
 Ce n’est donc pas le couple Betsen-Beumier.
« L’autre jeune fille assise à l’extrémité droite est Gilberte Pierlot (née le 2. 4. 1925), c’est ma sœur aînée, qui habitait à la rue Croix Favresse jusqu’à son mariage.
 Le militaire qui l’accompagne et se trouve juste derrière elle, est Pierre Fievez, Bruxellois, qui accomplissait son service militaire dans l’armée belge, à la caserne Trézignies à Charleroi mais qui était détaché à Fontaine-l’Évêque, au Pétria, pour surveiller les prisonniers allemands logés dans les campements. »
« Gisèle Argot et son mari Incarnacion Vedrio se sont divorcés, Gisèle est revenue à Fontaine-l’Évêque puis est repartie aux États-Unis du côté de la frontière mexicaine.
Ils sont décédés tous les deux. Leurs deux enfants vivent aux USA. »
« Il s’agit de Gilberte Pierlot de Fontaine-l’Évêque et de Pierre Fievez, tous deux assistaient au mariage de Gisèle Argot.
Cette photo est prise à la sortie de l’Hôtel de Ville [Remarquons que la porte était encore cloutée].
Ils se sont mariés à Fontaine-l’Évêque le 26.7.1947 et se sont installés à Bruxelles.
Ils ont eu 3 enfants.
Pierre Fievez est décédé en 1978 et Gilberte Pierlot habite toujours à Bruxelles et est à présent dans une maison
de repos. »
Mmes Brunello-Rifflard (Fontaine-l’Évêque, 1934) et Louise Marchandise (Fontaine-l’Évêque, 1926) ont aussi pris la peine de confirmer.
Lucienne Pierlot nous a fait parvenir cette photo.

 

 

« C’est moi avec un jeune voisin dont j’ai oublié le nom.
La photo a été prise par un soldat américain
au printemps 1946, en face de l’entrée
de la « Fontainoise », côté rue Croix Favresse
où j’habitais. »
Lucienne, qui avait alors 12 ans, raconte encore
quelques anecdotes.
« J’ai assisté avec mes sœurs au dernier bal des soldats américains avant leur départ.
L’un d’eux voulant se débarrasser de toute sa monnaie en argent belge m’a tout donné,
comme j’étais heureuse ! »

 

 

« Un jour en sortant de l’école Sainte – Marie deux soldats noirs – des colosses – m’ont pris par la main pour me reconduire chez moi, ils essayaient de me parler en français, …ma grande sœur était jolie et parlait bien l’anglais.
Mon père était furieux contre moi. »
« Une autre fois avec d’autres enfants nous avions pénétré dans un hangar de la Fontainoise où nous nous avions trouvé un dépôt de caisses de whisky, j’ai rapporté une bouteille à la maison, cette fois mon père, après l’avoir goûtée, n’a rien dit. »
Christian Caudron pose encore la question de savoir si Maurice Argot qui figure sur la liste des tués au combat du terril
du Pétria est bien le frère de Gisèle Argot.
Et bien non ! M-J.R..(arrivée à Fontaine-l’Évêque en 1931) répond :
« Maurice Argot est le frère de Rose Argot qui habite actuellement à Marcinelle.
C’était un parent éloigné des sœurs Argot de Fontaine-l’Évêque et non leur frère.
Il a été tué d’une balle doum doum qu’il a reçue à la tête, non pas au combat du terril, comme on le mentionne généralement, mais bien au carrefour des rues de Binche, de la Hutte et de Davireux à Leernes, alors qu’il tentait
avec des résistants (dont Armand Scauflaire) d’intercepter des soldats allemands en déroute.
Il avait aperçu un soldat allemand accroupi, caché dans la haie du talus de la rue de la Hutte, lui se trouvait à découvert dans la prairie d’en face, aujourd’hui un champ cultivé.
Il semble qu’il ait tiré le premier mais le soldat allemand répliquant ne l’a pas raté, nous dit encore Paul Marneffe
(né à Leernes le 17.O4. 1928 et qui habite toujours rue de Binche).
Il fut transporté au dispensaire du charbonnage du Pétria où il décéda. »
D’où la confusion.

 

 

 

Je puis personnellement confirmer,
comme Paul Marneffe et Robert Foubert de Leernes
que – à l’endroit où il fut mortellement atteint –
(à l’arrière du talus du chemin de Binche, à droite
en allant vers Wespes) s’érigeait là, encore en 1959,
une grande croix de bois érigée parait-il
par des scouts, qui fut d’abord reculée puis enlevée
au début des années 1960 par le locataire
de la prairie Norbert Herneau.

 

 

Suzanne Baele. Georges Rovillard qui connaît bien la région évoquée en Allemagne, fait remarquer que les époux Keenan-Baele se sont embarqués à Bremenhaven qui n’est pas situé sur l’estuaire de l’Elbe mais bien sur celui
de la Weser.
Raymonde Declève. Une autre photo du café du Nord au Pétria (coll. R. Poliart).
On remarque une affiche de bal assez évocatrice ainsi que les deux enfants assis sur la caisse d’un pick-up américain.
Denise Delval. Le couple n’est seulement parti aux USA que lorsque Russel a eu fini ses études à Heidelberg(Allemagne) et à la Sorbonne à Paris soit environ 5 ans après leur mariage.
Ce n’est donc pas leur fils Pierre qui fit ces études-là, lui préférait travailler dans le cinéma.
Ils sont revenus trois fois au CGA et chez leurs amis Léa Masuy et Raymond Eloy à Forchies.
La dernière fois Pierre est revenu sans ses parents mais avec son épouse.
Il ne parlait presque plus le français.
Il n’est plus revenu. Leurs amis, Lucienne et Amélie Josse de Courcelles, se sont rendus chez eux à Boston.
Denise et Russell sont décédés.(D’après Aline Parfondry)

 

 

Carte de Noël

envoyée des Etats-Unis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fernande Delmarcelle. Aline Parfondry (et non Alice), née à Forchies-la-Marche en 1931, nous dit que Jeanne Lys
a été coiffeuse à Forchies.
Adrienne Guillery. Dans ce paragraphe, Georges Rovillard fait remarquer qu’il n’y a pas eu « un armistice déclaré »
en 1945 mais bien une « capitulation ».
Renée Josse. Simone Fontaine fait remarquer que leur magasin de cycles ne se trouvait pas à cette époque
rue Berteaux, mais bien rue des Déportés n°11, actuellement rue Arthur-Désiré Cauderlier.
Ils se sont installés rue Berteaux en 1962.
Georgette Lagasse. Elle a bien fréquenté un soldat américain. Ils ont rompu.
Elle s’est mariée par la suite avec un Italien qu’elle a suivi dans son pays, nous a renseigné Juliette Guerrit
(née le 02.07. 1926) qui habitait la même rue Forge Ferry à Forchies.
Marie-Louise Payen. N’a pas marié le soldat américain qui l’avait mise enceinte d’une petite fille Josiane.
Elle s’est mariée avec un belge Robert Blauwaert qui a reconnu l’enfant.
Josiane habite actuellement Anderlues (M-J. R.)
Nous n’insisterons pas trop sur quelques malencontreuses fautes de dactylographie ou de bon usage.
Le but de l’article était de stimuler la mémoire collective, ce en quoi, ce fut une bien belle réussite.

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 26 & N° 28