Découverte archéologique

A propos
d’une découverte
archéologique

par Michel Mairiaux

En 1899, lors de la construction de la maison Jules Blanchard-Lété à Leernes(1) les terrassiers
trouvèrent en creusant la cave, en façade, les restes de poteries, faites au tour, (traces des pouces
du potier visibles) en terre commune et sablée
(2)
Elles étaient alignées et contenaient une poussière grisâtre, sauf une qui recelait une matière noire et grasse(3)
Le curé de Leernes(4) et le notaire Maurice Briard de Fontaine-l’Evêque recueillirent soigneusement ces vestiges,
mais négligèrent totalement d’en faire un rapport détaillé.
Ces poteries ou leurs tessons furent au fil des ans dispersées sans guère d’espoir de les retrouver.
L’abbé Theys devint curé de Fleurus quelques années plus tard et emporta sans doute quelques souvenirs
dont nous ignorons la destinée ; le notaire Briard emporta également quelques poteries dont il paraîtrait
qu’elles furent « descendues » à coup de carabine par un adolescent mais ces dires me furent démentis, avant son décès,
par André Adam, clerc successeur chez le notaire Lambin.
Il ne serait resté qu’un seul exemplaire.
Celui-ci fut acquis par le clerc du notaire Briard.
Il s’appelait Alfred Deltenre, grand amateur d’antiquités qui possédait un véritable petit musée, à son domicile
de la rue Croix-Favresse.
A sa mort, en 1958, sa fille Marguerite, également décédée depuis, l’aurait cédée, croyait-on, au notaire Franz Lambin,
venu liquider les affaires courantes.
Après vérification chez son fils Philippe qui reprit l’étude à la mort de son père en 1959, il apparut que la poterie
avait bel et bien était conservée par sa fille Marguerite.
Celle-ci épousa un certain Marivoet.
Le couple s’installa à Anvers et eurent un fils André, capitaine au long cours, recherché sans résultat(5)
Bien entendu des investigations plus approfondies sont toujours possibles mais j’en suis resté là.
Ceci démontre en tous cas l’utilité de déposer les trouvailles dans un musée régional à défaut d’être local
ou dans la vitrine d’un cercle d’histoire.

Restaient heureusement quelques tessons issus de la fouille, exposés dans le meuble de la bibliothèque de l’ancienne école communale et que j’ai pu photographier, ainsi qu’une photo, réalisée par l’instituteur communal Zénon Lizen,
époux de Lucie Blanchart.
A défaut de pouvoir récupérer la poterie, il eut l’heureuse inspiration d’en prendre l’image en 1957, posée sur un volume du Larousse Universel pour donner, me disait-il un aperçu de ses dimensions.
Ces poteries, étaient considérées, par nos deux inventeurs, comme des urnes d’époque gallo-romaines tardive à cause qu’elles furent exhumées proche de l’église.
Tel n’était pas l’avis de plusieurs archéologues avertis, dont Claude Hennuy, qui après avoir examiné les tessons
et la photographie, concluait qu’il s’agissait plutôt de poteries médiévales rurales à usage domestique datant
du XIIIe au XIVe siècle.(7)



1 Située au n° 13 de la rue Armand Caebergs.
2 Les ouvriers ne trouvèrent aucun autre vestige à la maison Dagnelies, au n° 11, qui était également en construction.
3 D’après Lucie Blanchart, née à Leernes le 28.8.1900, qui tenait la description de son père. Leur nombre était vraisemblablement de 6 pièces bien que le chiffre de treize fut également avancé.
4 Theys A.J. auteur du livre le Bienheureux Thierry de Leernes, publié en 1910. Il fut nommé chanoine.
5 L’adresse qui nous fut communiquée par le notaire Philippe Lambin en 1958, était : André Marivoet-Deltenre, Ieperstraat, 20/22, 2000 Antwerpen. La lettre fut retournée avec la mention «Terug aan affender/retour à l’envoyeur »
6 Catalogue de l’Exposition « Leernes et son passé » Administration communale de Leernes, 1971
7 Cet article a été écrit dans sa première version le 22.11.1979.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 6