Maurice Rosy

 

Maurice Rosy,
des clous
aux crayons.

par Benoît Flandre

Maurice Rosy est né le 17 novembre 1927 à Fontaine-l’Evêque où son père, Oscar, et ses oncles avaient fondé une entreprise de fabrication de clous.

La destinée de Maurice Rosy, fils unique, semblait toute tracée.

Comme son père, il serait cloutier et il reprendrait l’entreprise familiale.

Il y travaillera entre ses 17 et ses 25 ans mais Maurice Rosy était un artiste dans l’âme, passionné par la musique et le dessin…

 

Durant sa jeunesse à Charleroi, Maurice Rosy se lie d’amitié avec Yvan Delporte qui travaille chez Dupuis.
Leur bande d’amis refait le monde et fréquente régulièrement le café-concert « La Mansarde » où la jeune chanteuse française Barbara a alors ses habitudes (Maurice Rosy l’hébergera régulièrement).
C’est à cette époque que Maurice Rosy décide de remettre son tablier de cloutier et de vivre de sa passion.
Il survit en jouant du piano, le week-end, dans les bals.
Il tente même sa chance à Paris avant de revenir à Charleroi.
Il vend quelques dessins humoristiques aux Editions Dupuis qui sont publiés dans le « Moustique ».
A la Mansarde, il fait la connaissance d’André Franquin.
Ce dernier y remarque une table qui a été décorée par Maurice Rosy et lui en commande une.

« Donneur d’idées ».

Et le 3 juillet 1953, Maurice Rosy vient carrément proposer ses services auprès de la maison de Marcinelle.
Voici ce qu’il disait de sa première rencontre avec Charles Dupuis : « Proposer ses services, c’est bien joli, m’a-t-il dit, mais pour faire quoi ?
Je lui ai alors exposé tout ce qui pouvait manquer dans l’ensemble de ses publications. (…)
Mon avis l’a intéressé, il était prêt à me prendre … mais à quel poste ?
Je lui ai proposé de m’embaucher comme donneur d’idées. »
1
Maurice Rosy va d’abord travailler à transformer le journal de programmes radio et télévision de Dupuis,
« Le Moustique ».
Il dessinera trois couvertures pour l’hebdomadaire (n°1528, 1534 et 1548).
Il joue ensuite un rôle important dans la création de l’éphémère journal grand format Risque-Tout et enfin, il collabore
à Spirou.
C’est ainsi que se compose la « Sainte Trinité » (Charles Dupuis, Yvan Delporte et Maurice Rosy) qui va contribuer
à ce que nous appelons aujourd’hui « l’âge d’or » du journal de Spirou.
Maurice Rosy y joue le rôle de « directeur artistique ».
C’est par lui que passent les jeunes candidats dessinateurs avant de pouvoir être publiés.
« Cela ne me paraissait pas difficile. Il suffisait de regarder quelque chose et de voir si la personne qui l’avait réalisée n’avait tout simplement pas été freinée par l’inertie qui nous occupe tous. (…)
C’était gagner l’assentiment de l’artiste pour qu’il fasse la correction qui était nécessaire. »
2

Risque-Tout.

En 1955, Dupuis sort un nouveau journal, Risque-Tout, le journal du cran
et de l’enthousiasme.
Cette nouvelle publication se distingue par son grand format. Maurice Rosy
en devient le rédacteur en chef.
« C’est à ce moment-là que j’ai quitté Marcinelle pour Bruxelles : mais l’aventure n’a duré qu’un an, Dupuis considérant que pour que la publication soit financièrement satisfaisante, il fallait encore un ou deux ans, ce qui était trop long pour eux.
J’étais le rédacteur en chef de Risque-Tout, lequel comprenait deux parties : une section rédactionnelle et des bandes dessinées où l’on trouvait
de nouveaux dessinateurs et scénaristes (dont des planches d’essai envoyées
par les lecteurs) au milieu des vedettes en place.

 

Yvan Delporte était omniprésent à cette époque et nous discutions ensemble du rédactionnel et des planches.
Pour les articles, nous avions des abonnements aux meilleurs quotidiens américains dans lesquels nous puisions pour essayer de trouver des informations originales. Nous avions des prétentions et nous étions peut-être trop en avance… »3

Risque-Tout n°4, 15 décembre 1955

Ce nouvel hebdomadaire était essentiellement rempli avec du matériel issu de la World’s Press (l’agence de presse
créée par Georges Troisfontaines et qui s’était spécialisée dans la bande dessinée qu’elle fournissait déjà à Spirou – Buck Danny, les belles histoires de l’Oncle Paul).
De prestigieuses signatures (Maurice Tillieux, André Franquin, Morris, Albert Uderzo, Jean-Michel Charlier, Peyo, Victor Hubinon, Eddy Paape, Gérald Forton et même René Goscinny, mais en tant que dessinateur) ont collaboré à Risque-Tout.
« C’était quand même difficile. Nous travaillions comme si l’on sortait un quotidien : nous n’avions qu’une semaine
pour préparer le numéro suivant, le tout composé en typo !
L’équipe devait être trop réduite car c’était excessivement fatiguant : nous aurions pu y laisser notre peau ! ».
L’aventure Risque-Tout dura du 24 novembre 1955 au 1er novembre 1956.
La concurrence (dont faisait partie le journal de Spirou) a probablement eu raison de ce qui aurait pu devenir
un grand magazine !

Maurice Rosy, scénariste.

En arrivant chez Dupuis, Maurice Rosy entre en contact avec les dessinateurs du journal de Spirou.
Comme ceux-ci trouvent qu’il a des idées, certains lui proposent de leur écrire un scénario.
Pour André Franquin, il imagine deux aventures de Spirou et Fantasio : Le Dictateur et le champignon (l’idée du Métomol, le produit inventé par le Comte de Champignac et qui rend les métaux mous, est de Rosy) et Les Pirates
du silence
.
« Franquin a bien suivi mes instructions en ce qui concerne la première partie de l’histoire mais, pour la suite, il est parti dans une direction qu’il considérait meilleure.
Il aimait bien avoir une certaine liberté par rapport à un découpage, cela lui permettait de dessiner deux images
quand je ne lui en proposais qu’une ou de n’en mettre qu’une quand j’en prévoyais trois. »
4
Pour Jijé, il écrit le début du scénario de Yucca Ranch, la deuxième aventure de Jerry Spring.
« Avec lui, j’ai fait six planches et j’ai arrêté parce qu’il me téléphonait tous les jours en m’indiquant ce qu’il changeait dans le scénario.

 

Au début, j’ai cru que, ma foi, je faisais mal mon boulot mais, en vérité,
il faisait ça avec tout le monde.
Il a fait ça avec son fils, avec Charlier.
Il partait dans l’histoire et il avait une idée et il changeait donc l’histoire.
Mais alors, le scénariste, lui, il avait déjà fait les planches suivantes … donc,
il fallait tout recommencer ! »5
« Jijé était un personnage haut en couleur, hyper-dynamique …
Il fourmillait d’idées qui se chevauchaient sur celles de ses collaborateurs,
qui du coup ne s’y retrouvaient plus, et cela rendait le travail difficile. »6

 

 

Maurice Rosy ne persistera pas dans cette voie, notamment à cause des aspects financiers.
« A l’époque, dans le milieu des dessinateurs, la question d’argent était taboue.
On était entre « artistes » et on ne parlait pas d’argent : on était au-dessus de tout cela, désintéressé pour ainsi dire.
Moi, je regardais ce que rapportaient les albums à la maison Dupuis et j’étais un peu amer.
C’est bien gentil d’écrire des histoires mais on ne fait pas cela pour le geste.
Cela ne m’a pas stimulé pour continuer dans le scénario, si peu reconnu à l’époque. »7
Spirou n°833, 1er avril 1954

Boule et Bill.

Maurice Rosy contribuera à la naissance de Boule et Bill de Jean Roba dont il écrit le premier récit en 1959.
A l’époque, Charles Dupuis et Yvan Delporte n’appréciaient pas tellement le travail de Roba, au contraire de Maurice Rosy.
« Un jour, Roba me confia qu’il en avait marre de faire le pied de grue pour publier ses trucs et qu’il allait proposer ses services chez Tintin.
Je trouvais que Roba cadrait bien avec Spirou.
Il avait un dessin et un esprit qui pouvaient marcher avec le lecteur de Spirou.
Alors, je lui ai proposé de faire une ultime tentative.
Il m’a parlé de son envie de dessiner une histoire avec un chien, un gamin, etc.
Je lui ai écrit un scénario d’une page qu’il a dessiné mais je lui ai recommandé de ne pas signer sa planche.
Ensuite, j’ai fait photographier la planche, colorier au dos, le résultat, c’est quelque chose d’impeccable.
Je les ai glissées dans le Spirou de sorte qu’on croit que c’était imprimé.
Réunion hebdomadaire avec le patron, mon tour vient et je dis ‘’vraiment, ce qu’il y a dans le journal cette semaine,
c’est pas mal …
’’ – Quoi ? Que voulez-vous dire ?
Dupuis feuillette le journal et il arrive sur la fameuse planche ; je le vois blêmir, tétanisé.
‘’Cela vous plait Monsieur Dupuis ?’’
‘’Mais qui a fait cela ? C’est formidable !’’
Je le laisse s’enthousiasmer et quand il est mûr, je lui propose de lui présenter l’auteur.
J’ouvre alors la porte du couloir et Roba apparaît.
Voilà la naissance de Boule et Bill. »
8
Maurice Rosy réalise un premier mini-récit « Boule contre les mini-requins » avec Roba.
Et puis, Roba poursuivra seul cette sympathique série familiale.

Tif, Tondu … et Monsieur Choc !

 

C’est surtout à la série Tif et Tondu, dessinée par Will, que Maurice Rosy va offrir
les fruits de son imagination fertile.
Il est le créateur du machiavélique conspirateur de la série, Monsieur Choc, cet étrange personnage perpétuellement habillé d’un élégant smoking et la tête recouverte
d’un heaume dissimulant son visage.
Pour créer ce personnage, Rosy ne cache pas s’être inspiré de Fantômas.
Entre 1954 et 1969, Rosy réalisera douze albums de Tif et Tondu.

 

« Je devais notamment trouver une idée pour remonter l’intérêt des lecteurs pour Tif et Tondu.
 J’aimais beaucoup les décors de Willy mais je trouvais que l’ensemble manquait de mouvement et d’expression.
 J’ai regardé de près les deux héros et je les ai trouvés un peu raides.
Leurs personnalités n’étaient pas définies et leur seule distinction était physique.
 Ils manquaient singulièrement de brillance.
 Il fallait vraiment introduire quelque chose pour polariser l’attention.
 D’où cette idée d’introduire un troisième personnage, forcément négatif et remarquable, dans le sens qu’il puisse
être remarqué. »
9
« Will s’est fatigué de Choc.
C’est peut-être un peu cela aussi qui, au bout d’un moment, ne m’a plus donné d’enthousiasme, parce que je trouvais que c’était un bon personnage, qu’on pouvait aller très loin avec lui.
Après « le grand combat », Will m’a dit qu’il avait fait comme une dépression, que cela l’avait déprimé. »10
Will et Rosy réaliseront aussi trois courts récits de Tif et Tondu pour le journal Risque-Tout.
Pour Will, Maurice Rosy signera aussi quelques scénarios des aventures de Marco et Aldebert publiées dans le magazine Record (Editions Bayard) entre 1962 et 1965.

Les mini-récits.

Sur une idée d’Yvan Delporte, le journal de Spirou publie, à partir de 1959, des mini-récits qu’il fallait dégrafer, découper et plier pour obtenir un mini album.
Maurice Rosy y voit l’opportunité de permettre aux jeunes dessinateurs du studio
de dessins de faire de la bande dessinée dans l’antichambre du journal.
Les mini-récits connurent un beau succès.
« C’était une excellente idée d’Yvan Delporte car cela permettait à pas mal de gens de faire leurs premières armes : jouant dans la cour des grands tout en montrant bien que nous étions encore des petits.
Cela avait un réel impact… »11

Bobo s’évade.

Maurice Rosy crée alors Bobo, un petit forçat qui rêve de s’évader de la prison d’Inzepocket.
Il en confie le dessin à Paul Deliège.
« C’est un truc qui est resté dans mes tiroirs pendant un an et demi.
 J’avais commencé à l’écrire et je voulais le faire avec un dessinateur car j’avais pas mal de boulot.
Je souhaitais garder la partie construction car c’est là l’essentiel de mon travail.
C’est comme aujourd’hui quand je dessine : j’aimerais autant donner mes planches à colorier à quelqu’un d’autre.
 Si je n’apporte rien de particulier au coloriage je ne vois pas la nécessité de le faire moi-même…
Je croyais beaucoup en Paul Deliège car je trouvais qu’il avait un esprit fantaisiste.
J’avais hésité entre lui et Serge Gennaux, mais j’ai été très content de le choisir au final.
Je faisais le crayonné de l’histoire, j’introduisais un dialogue qui me servait de relais et je lui envoyais le tout.
Il me renvoyait l’histoire dessinée avec des indications de couleurs et le texte complété.
Je ne lui disais pas ce que j’allais faire ou alors je lui racontais une histoire qui devenait tout à fait autre chose
lorsque je l’écrivais : le fait de l’avoir narrée avait enlevé l’intérêt que j’y portais.
J’ai toujours eu l’impression que je ne savais pas faire les choses de longue haleine, il fallait que j’aille vite ! »12
Bobo tentera plus d’une centaine de fois de s’évader de la prison d’Inzepocket entre le 11 mai 1961 (publication
de premier mini-récit de Bobo dans le Spirou n°1204) et 1973.
Paul Deliège poursuivra ensuite l’aventure seul.
Toujours avec Paul Deliège, Maurice Rosy créa quelques autres mini-récits, notamment ceux de Félix, le veilleur de nuit.

En 1970-1971, Bobo magazine, l’indiscret d’Inzepocket, créé par Rosy et Kornblum, sera encarté dans quelques numéros du journal de Spirou.

Attila, le chien qui parle.

En 1967, Rosy invente les aventures d’Attila, un chien policier qui parle, et les confie au jeune dessinateur Claude
de Ribaupierre, alias Derib, tout juste sorti du studio Peyo.
Maurice Rosy estime que Derib peut devenir un dessinateur humoristique et, partant de son envie de dessiner
des animaux, il lui propose Attila.
 « C’est comme cela que je lui ai proposé de faire de notre héros, un chien qui parle. La parole me permettait de faire un déplacement de l’humain vers l’animal, chose que je trouve très intéressante.
Faire parler les bêtes, cela a toujours été mon obsession !
Sur ce plan-là, j’étais à l’opposé de Franquin qui avait regretté que je dote le Marsupilami de cette faculté dans les Pirates du Silence. »13
Et comme Derib est Suisse, Attila sera agent du contre-espionnage helvétique.

Le 17 août 1967 (n°1531), Attila fait ses débuts dans le journal de Spirou.
Pour Derib, Maurice Rosy réalisait des story-boards très détaillés.
Charles Dupuis trouvait même qu’ils auraient pu être publiés tels quels mais, à l’époque, Maurice Rosy ne se voyait pas comme un artiste complet de bandes dessinées.
« Je n’avais pas suffisamment confiance en mon dessin à cette époque …
Je ne faisais alors que le crayonné de Bobo, l’encrage étant assuré
par un autre.
Plus tard, quand je suis venu travailler à Paris, je n’avais plus aucun doute.
Mais à cette époque, je sentais que je n’étais pas là où je devais me trouver.
Mais où était ma place ? …
C’était très flou. »14


Pour Derib, les story-boards de Maurice Rosy étaient d’une très grande qualité et l’on oublie qu’il était avant tout
un très grand dessinateur.
C’est alors que Maurice Rosy fait la rencontre de Maurice Kornblum, un commerçant bruxellois.
Tous les deux récemment divorcés, ils s’installent dans une maison à Baisy-Thy où ils vont notamment réaliser
les épisodes suivants des aventures d’Attila.
L’arrivée de Kornblum va orienter ses histoires vers plus de science-fiction, ce qui intéressait beaucoup moins Derib.
Et après quatre albums, Derib renonce.
Un cinquième scénario écrit à l’époque sera exhumé en 1987 et dessiné par Didgé.

Max et les autres.

Maurice Rosy travaillera aussi avec Bara sur deux histoires de Max l’Explorateur, Le Triangle noir et L’oreille de Vichnou, qui ont été publiés dans la collection « gag de poche ».
« J’ai aussi écrit des « mini-récits » pour Louis Salvérius, Eddy Ryssack et Eddy Paape,
des gags de « Marco et Aldebert » pour Will dans Record en 1962, ainsi que quelques histoires de cow-boys pour Jo-Ël Azara dans le journal Tintin
(« Jill et Jum », « May Flower »…) en 1962 et 1963…
J’ai eu des contacts avec Albert Weinberg et Tibet, mais il n’y a pas eu de concrétisation durable.

Par contre, je suis responsable de la naissance du « Vieux Nick », le pirate dessiné par Marcel.
Remacle, sans en avoir écrit une seule ligne.
Remacle travaillait au studio de dessin de Dupuis et avait commencé une série avec des animaux qui s’appelait
« Bobosse ».
Le thème avait été imposé par Dupuis qui adorait « Chlorophylle » de Raymond Macherot, mais cela ne marchait pas fort.
Remacle savait que les jours de son histoire étaient comptés.
C’est alors que je lui ai suggéré de dessiner un récit avec des pirates car il en dessinait toujours de très marrants
sur les marges de ses travaux.
Il a donc commencé son « Vieux Nick » et là, ça a marché ! » 15
Dans la revue publicitaire Bonux-Boy, parue en 1960 et 1961, Maurice Rosy a réalisé deux scénarios pour le dessinateur Célestin : Bigoudi et le Péadaloscaphe (n°13, 1961) et Professeur Toc (n°18, 1961).
Record n°31, 1962.

MrR1TyT?is, de l’art abstrait en BD !

On doit aussi à Maurice Rosy une singulière et audacieuse bande dessinée toute en formes géométriques et avec un texte d’une écriture volontairement hermétique.
Elle est publiée en mai 1966 dans le journal Spirou (n° 1465).
Voici ce qu’en disait Yvan Delporte : « Un soir que je passais chez lui, j’ai vu dans un cadre au mur, une de ses nouvelles créations.
 J’ai trouvé que c’était magnifique et je lui ai demandé de pouvoir publier ça dans Spirou.
 Il s’est exclamé : ‘’Hé, t’es sot, toi, Yvan. Tu ne vas tout de même pas publier ça !’’
J’ai dit que si, et que même ce serait une bonne idée de réaliser une couverture dans le même style pour le numéro où ça paraîtrait.
 J’ai dû insister un peu mais il l’a fait. »16
Cette page originale sera même publiée, un peu plus tard, dans une encyclopédie de la Bande dessinée aux éditions Planète.

Tévé-Animation Dupuis.

Durant les années passées chez Dupuis, Maurice Rosy collabore aussi, avec Eddy Ryssack, Marcel Remacle et Raoul Cauvin au studio de dessin animé « TVA Dupuis ».
« Nous étions les concourants d’une espèce de jeu interne que Dupuis avait mis en place.
Nous avions pris le début d’un album de « Lucky Luke » et nous travaillions chacun de notre côté sur ce terrain
que nous ne connaissions absolument pas.
C’était à celui qui aurait le meilleur résultat. Dupuis nous avait finalement retenus avec Ryssack, mais nous étions naïfs
de croire que, à partir du moment où nous avions un produit, nous pourrions le vendre facilement.» 17
Deux des courts métrages créés par « TVA Dupuis » auront l’honneur d’être en compétition au Festival de Cannes :
« Teeth is money » en 1962 et « Le crocodile majuscule » en 1965.
TVA Dupuis réalisera aussi les premiers dessins animés des Schtroumpfs, en noir et blanc.

Gag de poche.

Maurice Rosy est à l’origine de la collection « gag de poche » en 1964.
Il s’agit d’une collection de bandes dessinées au format de livres de poche.
Cette collection comprendra 65 numéros dont huit consacrés à Bobo.
Elle permit aux jeunes lecteurs de découvrir les séries américaines Peanuts, Pogo ou Alley Oop.
Elle reprend aussi, en format réduit, quelques séries de Morris (Lucky Luke), Maurice Tillieux (Gil Jourdan et César), Marcel Remacle (Vieux Nick), Roba (Boule et Bill et La Ribambelle), Franquin (Gaston), Peyo (Johan et Pirlouit, Poussy
et Benoît Brisefer), etc.

Une nouvelle carrière à Paris.

Jusqu’en 1968, Maurice Rosy avait l’impression d’avoir un pronostic efficace, voyant bien ce qui allait marcher ou pas
et Charles Dupuis lui faisait entièrement confiance à ce propos.
Mais cela ne semble plus être désormais le cas. Maurice Rosy pense qu’il va se planter lamentablement et qu’il est temps d’arrêter :
« A partir d’un certain moment, l’enthousiasme, cela ne se renouvelle pas comme cela. Beaucoup des dessinateurs étaient devenus des dessinateurs importants.
 Au début, c’était la grosse rigolade mais ensuite, on avait des intérêts à défendre.
Cela change le climat.
Cela s’embourgeoisait.
A mon avis, pas mal de dessinateurs deviennent alors des gens de rapport parce qu’il y a la question des albums.
Tout à coup, il y a des ventes d’albums et droits d’auteur très importants.
Donc, là, les mentalités changent.
Et comme moi, je ne faisais pas partie de ce merveilleux bateau.
J’avais l’impression que j’avais fait mon temps.
Je n’avais plus à imposer des idées à des gens dont le succès s’étalait dans le journal.
Et au niveau nouveautés, je n’étais pas toujours d’accord avec ce qui était refusé.
C’est pour ça qu’au bout d’un moment, je n’allais même plus au bureau ; j’y allais deux fois par semaine, le mercredi après-midi et le vendredi après-midi quand Mr Dupuis venait.
Et puis, Mr Dupuis m’a dit : ‘’Vous savez, maintenant, j’ai difficile de justifier votre traitement’’ et j’ai dit : ‘’ je vous comprends parfaitement’’. »
Lassé de cet univers, Maurice Rosy abandonne donc la bande dessinée et quitte Charleroi en 1971.

Il entame alors une nouvelle carrière d’illustrateur de livres pour la jeunesse, dessinateur de presse et graphiste publicitaire à Paris où il s’installe
dans un appartement du XIVème arrondissement, rue Schoelcher.
Il travaille notamment pour le Nouvel Observateur et réalise diverses publicités.
Il a dessiné 14 vignettes humoristiques pour les chewing-gums Malabar (1976).
Il illustre de nombreux livres pour la jeunesse pour les éditions Bayard, Nathan
ou Bordas.

 

Ces dernières années, il eut l’occasion de raconter ses souvenirs en témoignant de la période qu’il passa chez Dupuis.
Il fut une des témoins de la biographie d’Yvan Delporte et de « La véritable histoire de Spirou » écrites par Christelle
et Bertrand Pissavy-Yvernault.
C’est à Paris que Maurice Rosy nous a quittés le 23 février 2013.

Sources :

http://www.bedetheque.com (BD Gest) ; BD Zoom ; Intégrale Tif et Tondu, Ed. Dupuis ; Intégrale Bobo tome 1,
Ed. Hibou;
http://www.expressbd.com/entretien-maurice-rosy-tif-tondu.html ; Il était une fois Rosy, La Lettre de Dargaud n°72 ;
On a retrouvé Monsieur Choc ! par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, Vécu n°37.

AVIS DE RECHERCHE

 

En janvier dernier, dans le cadre des 75 ans de Spirou,
les Editions Dupuis ont édité le premier volume de
« La véritable histoire de Spirou » écrite par Christelle
et Bertrand Pissavy-Yvernault.
Ceux-ci préparent la suite de cette histoire et sont
à la recherche de documents, de photos, de témoignages,
etc.

 

 

 

Si vous avez dans votre famille ou parmi vos connaissances des personnes qui ont travaillé aux Editions Dupuis et/ou qui posséderaient des documents en rapport avec la maison de Marcinelle, n’hésitez pas à me le faire savoir.

Merci d’avance.
Benoît Flandre
0478 26 57 58

benoit.flandre@skynet.be

 

 1 Il était une fois Rosy, La Lettre de Dargaud n°72 p.42.
 2 Entretien avec Maurice Rosy, www.expressbd.fr
 3 Entretien avec Maurice Rosy, par Gilles Ratier, BDZoom, 2009.
 4 Entretien avec Maurice Rosy, par Gilles Ratier, BDZoom, 2009.
 5 Entretien avec Maurice Rosy, http://www.expressbd.fr
 6 On a retrouvé Monsieur Choc ! Entretien de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault avec Maurice Rosy, Vécu n°37.
 7 On a retrouvé Monsieur Choc ! Entretien de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault avec Maurice Rosy, Vécu n°37.
 8 Il était une fois Rosy, La Lettre de Dargaud n°72 p.42-44 ; Entretien avec Maurice Rosy, http://www.expressbd.fr
 9 Il était une fois Rosy, La Lettre de Dargaud n°72 p.44.
10 Entretien avec Maurice Rosy, http://www.expressbd.fr
11 Entretien avec Maurice Rosy, par Gilles Ratier, BDZoom, 2009.
12 Entretien avec Maurice Rosy, par Gilles Ratier, BDZoom, 2009.
13 Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, Intégrale Attila, Dupuis 2010, p. 5.
14 Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, Intégrale Attila, p.10, Dupuis 2010.
15 Entretien avec Maurice Rosy, par Gilles Ratier, BDZoom, 2009.
16 Commentaire repris en 1995 lorsque le journal de Spirou réédita cette page (n°2993).
17 Entretien avec Maurice Rosy, par Gilles Ratier, BDZoom, 2009.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait revue N° 31